Corinne Bourbeillon, photographe sous-marine
Moi essayant d’avoir l’air cool et détendue avec ma cagoule et ma combi étanche dans les eaux bretonnes, beaucoup trop fraîches à mon goût… (Grottes du cap Fréhel, Saint-Cast, Côtes-d’Armor, juillet 2021, photo par Olivier Delorieux)

Plonger sans voyager

#Climat #Océan #Avion

  Entre deux voyages

De mars 2020 à ce mois de novembre 2022, j’ai arrêté de voyager pour plonger. Au départ à cause du Covid et des restrictions sanitaires de déplacement. Mais depuis la réouverture des frontières, je n’ai toujours pas repris l’avion [mise à jour : en août 2023, je suis repartie pour un voyage lointain de quatre mois].

Bref, mes “petites bulles d’ailleurs” (le titre de ce blog) sont devenues des “petites bulles d’ici”… 😂 Ce qui n’est pas plus mal pour mon empreinte carbone et le climat. Au-delà de la blague, me voici face à plusieurs dilemmes.

Dilemme n° 1 : l’eau froide

Fini la bamboche des mers chaudes exotiques ! J’ai quand même refait des bulles et de la photo sous-marine depuis 2020, heureusement. Mais uniquement en France et à la belle saison. Donc dans des eaux “froides” à “fraîches”, selon mes critères de plongeuse super frileuse. De 14°C à 20°C en Bretagne (début et fin d’été). Autour de 22°C en Méditerranée (en été et au-dessus de la thermocline, parce qu’en dessous, les températures, ce sont les mêmes qu’en Bretagne 😂).

Des températures supportables pour quelques minutes de baignade au soleil, mais beaucoup moins en plongée quand on reste immergé(e) près d’une heure sous l’eau… 🥶 J’ai donc adopté la combinaison étanche pour les eaux bretonnes “froides”, et la combinaison humide très épaisse (7 mm) pour les eaux méditerranéennes “fraîches”. (Je vois d’ici les plongeurs de lac ricaner : comprenez bien qu’en deçà de 12-13°C, c’est pour moi de l’eau “glacée” dans laquelle je n’irai JAMAIS.)

Alors oui, la combinaison étanche, c’est LA solution contre le froid. Pour ceux qui ne connaissent pas : on reste au sec dedans, et on s’habille de vêtements chauds dessous, polaire et chaussettes. Et je m’y suis mise… La vérité ? C’est miraculeux, ça a changé ma vie de plongeuse bretonne (en carton).

Je me suis formée à son utilisation en 2020 lors d’un stage à Trébeurden (Côtes-d’Armor). L’été d’après, j’ai commencé par en louer une, avant d’investir dans ma propre combi pour la saison suivante. Toute la difficulté a été de trouver un modèle d’occasion bien à ma taille (parce que neuf, c’est vraiment un gros budget, ce genre d’équipement). Mais ça, c’est fait… 👌

Pour ceux qui me connaissent sous l’eau (même à 25°C voire 29°C, je peux en ressortir les lèvres bleues et toute tremblante, lire ici et et encore ), ça paraît dingue : moi, la plongeuse des vacances en mers chaudes turquoise, je plonge désormais sans frémir en Manche dans de l’eau verte à 15°C.

Corinne Bourbeillon, photographe sous-marine
Moi essayant d’avoir l’air cool et détendue avec ma cagoule et ma combi étanche de location dans les eaux bretonnes, beaucoup trop fraîches à mon goût… (Grottes du cap Fréhel, Saint-Cast, Côtes-d’Armor, juillet 2021, photo par Olivier Delorieux)

OK, la combi étanche, c’est merveilleux, mais c’est quand même plein de contraintes en plus…

D’abord, il faut trouver et choisir les bonnes fringues thermiques à enfiler dessous, en fonction de la température de l’eau ET du type de combi : une étanche néoprène (mousse de caoutchouc) a une épaisseur qui isole un peu, une échanche trilaminée (sorte de “toile” technique), c’est comme un K-Way, ça n’isole pas du tout. Ensuite, il faut apprendre à se glisser dans cette combinaison-scaphandre comme une astronaute (pas trop compliqué), puis ajouter une cagoule et des gants (je hais ces trucs), et enfin se lester de kilos de plomb supplémentaires à cause d’Archimède (il y a un plus gros volume avec la couche de vêtements et l’air qu’on injecte dedans).

Bref, comment dire… La combi “sèche”, ça n’est pas très aquatique, comparé à la seconde peau des combis humides. On s’y fait, bien sûr, mais je ne suis pas méga fan. Ceci dit, le froid étant mon ennemi absolu, entre deux maux, j’ai choisi le moindre… Dilemme résolu.

La plongée, c'est glamour... Selfie sous-marin made in BZH, avec ma combi étanche d'occasion et l'indispensable cagoule. (Aber Benoît, Finistère, septembre 2022)
La plongée, c’est glamour… Selfie sous-marin made in BZH, avec ma combi étanche d’occasion et l’indispensable cagoule. (Aber Benoît, Finistère, septembre 2022)

Dilemme n° 2 : l’avion et l’empreinte carbone

En fait, le vrai problème, c’est que les mers chaudes, c’est loin, et qu’on n’y va pas en train. Et prendre l’avion, ça fait carrément exploser l’empreinte carbone… Oui, grosse prise de conscience dans ma petite tête de plongeuse ex-globe-trotteuse (nan, en vrai, j’étais déjà bien au courant et pas très à l’aise avec ça).

Le Covid ayant mis un stop aux voyages aériens pendant deux ans, ça m’a laissé le temps de me documenter à fond sur le climat et l’océan. De mieux comprendre les conséquences de nos rejets excessifs de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, qui entraînent notamment le réchauffement et l’acidification de l’eau à grande vitesse. (Spoiler : ces deux trucs-là ne sont pas cool du tout pour la vie marine.)

-
(Source : Institut océanographique de Monaco / musee.oceano.org)

Sur ce thème, je suis évidemment bien mal placée pour donner des leçons, mais je vous mets quand même ci-dessous quelques petites vidéos pédagogiques très bien faites, diffusées par l’excellente chaîne YouTube des studios Icebreaker (projet du cinéaste Luc Jacquet, réalisateur notamment du docu La Marche de l’empereur).

Aujourd’hui, je mesure mieux l’impact de mes nombreux trajets en avion des années passées. C’est-à-dire leur ordre de grandeur (énorme) par rapport à mon empreinte annuelle “normale” liée à ma vie quotidienne. J’ai trouvé assez instructif de jouer avec des calculateurs en ligne, comme celui de l’Ademe (Connaissez-vous votre empreinte sur le climat ?) et celui du blog BonPote (Avion : calculer en 3 clics votre empreinte carbone).

J’en retiens qu’un vol très long-courrier (comme ceux vers mes destinations préférées, l’Indonésie par exemple), ça dépasse TOUJOURS les 2 tonnes d’équivalent CO2. Or cette limite de 2 tonnes, c’est celle qu’il faudrait avoir par personne et par an d’ici à 2050, pour contenir le réchauffement climatique mondial sous +1,5°C à +2°C ! Pour l’instant, les Français sont autour de 9-11 tonnes en moyenne (du moins ceux qui ne volent pas en jet privé).

Alors oui, comme beaucoup de gens, j’essaye de réduire mon empreinte climatique dans ma conso quotidienne (énergie, alimentation, transports). Des efforts individuels nécessaires mais pas suffisants du tout… Il est en effet impossible d’atteindre l’objectif des 2 tonnes par an avec seulement nos “petits gestes”, ce sont surtout les mesures collectives et structurelles qui permettront d’y arriver. Mais l’un n’empêche pas l’autre, bien au contraire, et chacun peut “faire sa part”.

Me concernant, réduire drastiquement mes voyages en avion est de toute évidence le poste prioritaire, le levier le plus efficace pour améliorer mon bilan carbone personnel. Je l’ai déjà fait trois étés d’affilée “grâce” au Covid. Mathématiquement parlant, c’est ce que j’ai fait de mieux pour le climat à ce jour.

Alors, quelle limite me fixer pour les années à venir : un vol tous les deux, trois, quatre ans ? Tous les dix ans ? Plus jamais ? Je me dis que je ne dois pas être la seule mordue de voyages à avoir ce genre d’interrogations…

Dilemme n° 3 : repartir ou pas ?

Ce qui nous mène au troisième dilemme. Quand j’étais au 23e Salon de la plongée de Paris, du 11 au 14 mars 2022, tout le monde m’a posé la même question avec la réouverture progressive des frontières : alors, c’est quand, c’est où, ton prochain voyage ? Ma réponse : je ne sais pas. La prochaine édition, du 6 au 9 janvier 2023, aura d’ailleurs pour thème : “Une plongée plus soucieuse de l’environnement”, me renvoyant à mes paradoxes.

Mise à jour, janvier 2023. Voir aussi l’article que j’ai publié dans Ouest-France, en amont du Salon ➜ La plongée sous-marine se rêve plus écolo pour son 24e salon, qui s’ouvre à Paris

Évidemment, l’Indonésie me manque. La splendeur des paysages sous-marins du Triangle de corail aussi. Ça aurait pu être possible d’y retourner cet été 2022. Mais j’ai finalement choisi de rester faire des bulles en France, comme l’an passé. J’avais déjà un peu abordé ce dilemme dès 2020, après mes premières plongées de déconfinement en Bretagne, lors de mon stage à Trébeurden.

Entre-temps, il y a eu les nouveaux rapports du Giec (le Groupe international d’experts sur le climat). Et puis les pics de chaleur, la sécheresse, les incendies de l’été 2022 en France (et je ne parle même pas des catastrophes ailleurs dans le monde). Ça n’envoie pas du rêve…

Auparavant, je ne songeais qu’à mes prochains voyages et mes futures plongées dans des mers lointaines. J’y consacrais presque toutes mes vacances et mes économies. L’immobilité forcée due au Covid m’a contrainte à un peu de cohérence. Pour la première fois de ma vie de plongeuse, j’ai passé trois été successifs sans m’envoler pour une destination exotique.

Au lieu de repartir au bout du monde, j’ai recommencé à plonger régulièrement en Bretagne – ce que je n’avais plus fait depuis des lustres – et même osé une petite incursion en Méditerranée en 2021. J’ai ainsi redécouvert la faune sous-marine près de chez moi. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a vraiment de quoi s’émerveiller sous l’eau ici aussi…

Mes amis non-plongeurs sont chaque fois étonnés quand je leur montre mes photos bretonnes de bancs de poissons, de gorgones, de nudibranches (limaces de mer)… La plupart des gens pense (à tort) qu’il n’y a pas grand-chose à voir en plongée par chez nous.

Mise à jour, décembre 2023 : résultat, j’en ai même fait un petit livre, un guide compilant 24 expériences de plongée à vivre en Bretagne et Pays-de-la-Loire pour donner envie de redécouvrir les merveilles des sites sous-marins près de chez nous :

Une seiche peu farouche vient jouer les stars dans le faisceau lumineux du phare de mon binôme. (Saint-Cast, Bretagne, juillet 2021)
Une seiche peu farouche vient jouer les stars dans le faisceau lumineux du phare de mon binôme. (Saint-Cast, Bretagne, juillet 2021)
Mon binôme sait aussi ne pas effaroucher les congres, qui n'hésitent pas à sortir de leur cachette sous son nez. (Épave du Laplace, Saint-Cast, Bretagne, juillet 2022)
Mon binôme sait aussi ne pas effaroucher les congres, qui n’hésitent pas à sortir de leur cachette sous son nez. (Épave du Laplace, Saint-Cast, Bretagne, juillet 2022)
Des bancs de tacauds jaillissent de l'épave de la frégate Laplace, coulée par une mine en 1950, juste en face du fort La Latte. (Saint-Cast, Bretagne, juillet 2021)
Des bancs de tacauds jaillissent de l’épave de la frégate Laplace, coulée par une mine en 1950, juste en face du fort La Latte. (Saint-Cast, Bretagne, juillet 2021)
Bleu méditerranéen. (Réserve de Cerbère-Banyuls, juillet 2021)
Banc de sars à tête noire, dans le bleu méditerranéen. (Réserve de Cerbère-Banyuls, juillet 2021)
Petite merveille des eaux bretonnes... Un coquet nudibranche (limace de mer), en livrée mauve lisérée de jaune. Son nom : Doris de Krohn (Chromodoris krohni). (Golfe du Morbihan, septembre 2022)
Petite merveille des eaux bretonnes… Un coquet nudibranche (limace de mer), en livrée mauve lisérée de jaune. Son nom : Doris de Krohn (Chromodoris krohni). (Golfe du Morbihan, septembre 2022)
Vert breton. (Saint-Cast, juillet 2022)
Vert breton, avec une touche d’orange. (La Catis, Saint-Cast, juillet 2022)

Dilemme n°4 : la frustration et l’envie d’ailleurs

Petite remarque en passant : oui, bien sûr, les réflexions que j’étale ici sont des dilemmes de “riches”, qui peuvent sembler bien dérisoires. Vivre dans un pays en paix, avoir du temps libre pour ses loisirs et de l’argent à dépenser dans ses passions, c’est un privilège. Trois étés sans voyager, ça n’est pas une tragédie et il y a beaucoup plus grave dans la vie.

Ceci étant dit, il n’empêche que ma frustration est bien réelle. Dans nos contrées, la courte fenêtre saisonnière limite les sorties en mer, qui dépendent de la météo, de la marée, du nombre de plongeurs inscrits et de l’âge du capitaine. Et puis, surtout, je ne plonge pas juste pour plonger, pour l’activité en elle-même, non. Ce qui m’intéresse, c’est de faire de la photo sous-marine. Or les conditions très changeantes de nos côtes – sans parler de la loterie des binômes qui ne vous attribue pas toujours un comparse idéal pour la pratique photographique – rendent tout plus compliqué dès qu’on veut faire des images…

Je parviens à me faire plaisir avec mon appareil-photo dans les eaux bretonnes ou méditerranéennes, mais je suis aussi pas mal nostalgique de la visibilité spectaculaire et de la profusion de vie renversante de certains fonds indonésiens (où, en plus, on peut plonger en combi humide pas trop épaisse, sans gants ni cagoule… oui, je déteste mettre une cagoule 😅).

L’autre aspect frustrant dans le fait de ne plus voyager, ce sont les plaisirs “terrestres”… Si belles soient nos côtes (et je kiffe les falaises du cap Fréhel), ça ne me dépayse pas vraiment. Je veux dire par là : rompre avec son environnement habituel et la routine du quotidien, c’est précisément ce qui fait le charme des voyages à mes yeux…

Je trouve qu’il y a quelque chose de grisant et d’irremplaçable à découvrir des lieux et des sites naturels qui ne ressemblent pas à ceux que l’on connaît. À s’immerger dans d’autres cultures, d’autres langues, à satisfaire sa curiosité pour d’autres modes de vie… Se confronter à des gens et des horizons différents, ça ouvre l’esprit, ça enrichit et embellit l’existence. Se contenter d’explorer la France ou même l’Europe, cela peut bien sûr être une expérience passionnante, mais on reste malgré tout dans un contexte occidental relativement “familier”.

Conclusion : voyager et plonger autrement ?

Bref, j’en suis donc là de mes petits dilemmes… Me voici en tout cas réconciliée avec la plongée “locale et de saison” (comme les fruits et légumes 😂). Maintenant que j’ai résolu le problème du froid, je trouve ça génial de pouvoir plus facilement plonger près de chez moi. Et je ne m’en priverai plus.

Ces trois années m’auront permis de découvrir davantage le littoral breton, de continuer à m’émerveiller sous l’eau, d’améliorer ma pratique photographique dans des conditions plus difficiles. Mais le grand plaisir que j’en retire ne se substitue pas à la joie que me procurent les voyages…

Alors, pour les années qui viennent, j’envisage une sorte de compromis : mon idée, c’est de partir beaucoup moins souvent qu’avant. Mais une fois ailleurs, de rester sur place beaucoup plus longtemps. Il ne me reste plus qu’à trouver comment organiser ça.

  Entre deux voyages

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

  1. Hello Corinne,

    Bien sûr cette thématique me préoccupe, pour les mêmes raisons que toi.

    Finalement, cette année, j’ai également moins voyagé. Même si j’ai tout de même pris l’avion pour me rendre aux Galapagos (voyage reporté de 2020) et en ai profité pour rester 5 semaines en Équateur.
    Puis, plus récemment en septembre, la découverte d’une destination moins lointaine, mais qui fut mon coup de cœur de l’année (alors qu’il y avait eu les Galapagos !)

    Je ne pense pas que cela sera tout à fait possible en 2023 (en raison de projets décidés de longue date), mais j’aimerais à partir de 2024 envisager des voyages moins nombreux et plus longs.

    Merci pour cette réflexion intéressante qui pointe nos incohérences autant que nos dilemmes.

  2. Hello Corinne ! Sympa ce nouveau sujet 😉

    Je suis passé à peu près par les même étapes que toi… (mais suis retourné en Thailande l’été dernier pour tester le Canon EOS R7 , car vraiment l’Asie me manquait trop depuis la Sulawesi en 2019)… et la Thailande c’était facile et pas trop cher.

    Certes c’est un peu moins exotique que la Sulawesi… mais c’est quand même plus sympa que la Bretagne !

    Je crois que pour minimiser l’impact climatique du voyageur ; il faut voyager moins souvent, mais plus longtemps (1 mois au minimum). Je ne doute pas que ma méthode va soulever quelques débats et critiques…

    1. @Jean-François : oui, je ne me sens pas encore capable de renoncer définitivement aux voyages, alors comme toi je me dis qu’on peut au moins limiter les dégâts en partant moins souvent et plus longtemps… Évidemment, ça reste un compromis. Mais je me dis que partager mes dilemmes ici incitera d’autres personnes à réfléchir pareillement à l’impact de leurs voyages plongée. Mais la Bretagne c’est TRÈS sympa aussi, quand on n’a plus froid dans l’eau, ça change TOUT !!!

    2. Merci pour ce nouveau sujet fort intéressant et bravo pour tes photos bretonnes, elles sont aussi rayonnantes que celles des eaux tropicales (si si, je le pense !)
      Sur la problématique elle même, en effet je crois que vous sommes de plus en plus nombreux à y réfléchir et à articuler nos voyages en conséquence. Pour ma part, très compliqué vu mon activité de création et d’organisation de voyages mais le sujet me turlupine vraiment, très souvent.
      En effet, voyager moins et plus longtemps et compenser en parallèle avec des actions de régénération, c’est ce que j’ai trouvé de plus acceptable comme compromis.
      Une pensée pour toi depuis l’Indonésie que tu aimes tant ☀️

  3. Bonjour,
    Merci pour ce témoignage.
    Avez-vous opté pour une combinaison étanche en néoprène ou bien trilaminée ?
    Bon dimanche.

    1. @Karim : j’ai longtemps hésité, cherché, et finalement trouvé d’occasion une vieille Fusion de Whites à ma taille (aujourd’hui c’est Aqualung qui fabrique ces combinaisons). Donc une trilaminée, mais un peu différente des autres, avec une mince enveloppe par dessus la toile, de façon à bien la maintenir proche du corps, ce qui limite l’effet “sac” et réduit la bulle d’air autour du corps. Conséquence : il faut s’habiller très chaudement en-dessous. Après moult essais, j’ai adopté des vêtements thermiques Kwark…

  4. Bonjour,

    Le dilemme chacun doit le résoudre en son âme et conscience.

    Cela dit quelques reflexions:
    – la Méditerranée et les côtes atlantiques françaises sont tres belles, et oui 🙂
    – l’avion c’est pas bien, cela dit le problème de la surpopulation n’est tjrs ps pris en compte, et l’on organise des coupes du monde au quatar, en attendant les jeux olympique d’hiver dans cette région. Devons nous être les seuls a faire des efforts ?
    – voyager a l’autre bout du monde en responsabilité, fait vivre beaucoup de familles

    Ma conclusion a ta reflexion:
    – Adapter sa fréquence de voyage, sa façon de voyager ok; arrêter par dogmatisme, c’est idiot

    Bonnes bulles à toi …

  5. Bonjour Corinne !

    Super content de retrouver un article sur petites bulles d’ailleurs ! Personnellement je plonge en snorkeling et en plongée libre seulement. En habitant à Marseille je découvre les fonds marins de méditerranée toute l’année, en combi 2 mm l’été et avec un surshorty de 5 mm en plus l’hiver, j’ai la chance de ne pas être très frileux. Franchement nos eaux françaises sont riches et à chaque fois que je plonge je découvre des espèces nouvelles dans les petits fonds de la grande bleue.

    Mais contrairement à toi depuis que je trempe mes palmes dans l’eau, j’ai peu observé les fonds tropicaux et j’ai quand même souvent des envies d’ailleurs et de mers chaudes. Ton article m’intéresse au plus haut point car j’ai les mêmes réflexions que toi et je réfrène mes envies.

    Peut-être que les avions pourront améliorer leurs taux de rejets en CO2 dans le futur et nous permettre de continuer à voyager. Je ne pense pas que sans nous les avions cesserons de voler de toute façon, car les gens ont besoin de le prendre pour pleins d’autres raisons que les loisirs.

    Sinon, en attendant, le réchauffement climatique provoque une migrations des espèces tropicales sur nos côtes Méditerranéennes, donc si on ne peut plus aller les voir se sont elles qui viennent nous voir. Au printemps je suis parti à Corfou en Grèce (vol direct de 2h) à défaut d’aller plus loin, et j’ai pu observer des vers de feu, des poissons lapins, des rascasses de Madère. La rascasse volante a déjà été signalée au sud de l’Italie et le poisson flute est déjà parvenu sur nos côtes !

    1. @Laurent : on peut dire que tu pratiques la forme la plus écolo de plongée (je n’ai pas évoqué dans cet article le gazole pour les compresseurs ou les moteurs des bateaux, sans parler du bilan carbone des équipements des plongeurs bouteille)… Même si les avions améliorent au fil des années leur empreinte carbone grâce à la technologie, ils continuent et continueront de représenter des émissions importantes… Quant à la “tropicalisation” de la Méditerranée, si elle est certes fascinante à observer, ce n’est pas une très bonne nouvelle pour l’écosystème, à en croire les scientifiques qui étudient ces questions (certaines espèces comme la rascasse volante sont envahissantes). Tout l’équilibre de la Méditerranée déjà mal en point risque d’en être affecté.

  6. Bonjour Corinne,

    Oui, poser la question des Voyages c’est soulever de nombreuses questions annexes, le tourisme plongée tropical aura du mal à s’adapter aux nouvelles pratiques des plongeurs, bon nombre ne pourront tout simplement pas quitter la France quatre ou cinq semaines.
    Et, une remarque basique, tout le monde a déjà ralé contre la pratique des hubs dont la philosophie impose des routes délirantes pour aller d’un point à un point B. Paris – Port Soudan c’est 5 000 km en vol direct, c’était l’ancien vol qui passait par Le Caire; le vol aujourd’hui passe par Dubaï à l’allée et en plus par Khartoum au retour…Bilan, 2 x 5 000 km se transforment en 7 200 km à l’allée plus 8 500 au retour…. soit 5 700 km de pollution gratuite….
    Environnement et économie ne pourront qu’être mariés de force.
    Continuer à buller, c’est toujours un plaisir de vous lire.

    1. @Jean-Luc : pour les voyages de loisir lointains, il faudrait que les entreprises acceptent plus de flexibilité sur la prise de congés… C’est d’ailleurs l’une des pistes suggérées par le groupe de réflexion The Shift Project dans son rapport “Voyager bas carbone”… Beaucoup d’absurdités dans la gestion du trafic aérien, c’est certain… Merci de votre message !

  7. Si tu arrives Corinne à t’arranger avec ton employeur, oui, moins souvent et plus longtemps, c’est une bonne piste. Réduire ton empreinte carbone c’est bien, naturellement. Mais tu n’es pas une nonne carmélite, non plus !!!
    J’aimerais me poser ce genre de questions, mais mon cœur ne m’y autorise plus (snif !). C’est bête alors que j’habite désormais sur la belle côte varoise si riche en faune et épaves. Bref, je me console avec mes vidéos et photos souvenirs de Thaïlande, d’Indonésie, de Raja Ampat, de Nosy Be, de Polynésie… et les tiennes (bien plus belles !). Déjà bien chanceux d’avoir vécu tout cela, n’est-ce pas !
    Allez, profite bien, et ne te torture pas trop avec tes interrogations, même si c’est très bien d’être responsable comme toi.

    1. @Marc : il y a des dispositifs dans certaines entreprises (dont la mienne) qui permettent d’organiser des congés longs, piste à explorer… Je me dis que moi aussi je suis bien chanceuse d’avoir déjà vu tant de merveilles de par le monde. Je vais d’autant mieux savourer, je crois, les prochaines escapades, plus rares, que je m’autoriserai…

  8. Bonjour,

    nous (famille) sommes des plongeurs de méditerranée avec le rêve de se faire un voyage plongée lointain. Début 2020 nous envisagions un séjour aux Philippines et patatra…
    On se pose aussi ce genre de question mais bon comme cela risque d’être LE voyage je ne me focalise pas trop dessus. Je me pose par contre aussi les questions “sociétales” : si on ne voyage plus, on perd le contact, l’ouverture d’esprit sur le lointain et ce contact il est dans les deux sens.
    J’avais aussi lu que sur certain site, le tourisme plongée avait permis de changer des habitudes novices pour l’environnement (pêche à la dynamite, …). C’est peut-être aussi à prendre en compte et ça ne simplifie pas le dilemme.

    1. @Yves : oui, il est assez facile de voir et de dénoncer les conséquences négatives du tourisme, mais il y a aussi des retombées positives, notamment en termes d’emplois, et selon les lieux et les opérations menées, de préservation de l’environnement et d’amélioration des conditions de vie locales. Il n’y a pas de réponse simple aux dilemmes posés par nos voyages lointains. Si ce voyage s’annonce pour vous comme LE voyage d’une vie, ma foi, j’espère bien que vous accomplirez votre rêve un jour prochain…

    2. Yves, comme le dit Corinne, si c’est votre projet familial, le “voyage d’une vie”, eh bien, préparez-le ! Et ne remettez pas à plus tard. Vois-tu, j’ai pris ma retraite fin 2017, et j’ai aussitôt fait avec mon épouse, sans attendre, le voyage que nous rêvions de faire : un mois en Polynésie dont 10 jours de plongée en croisière aux Tuamotu. Bien nous a pris, car trois ans après, fini la plongée compte tenu de la détection d’un problème cardiaque. Bref, on ne connaît pas notre futur, et ne pas reporter trop nos rêves si on peut les réaliser !
      PS : je suis allé en 2008 plonger aux Philippines, dans les Visayas, et j’ai un très beau souvenir d’une petite île charmante (elle s’est probablement une peu développée depuis), Apo Island. Mais il y a d’autres régions certainement formidables, comme Palawan ou les îles à l’est de Palawan (Bayang Magsaysay).
      Alors, bon voyage ! Et belles plongées.
      Marc

  9. Bonjour, je suis entièrement d’accord avec toi, mais :
    -si tu ne prends pas l’avion, l’avion décollera quand même
    -quand tu es en indo , tu paies des droits d’entrée dans les parcs marins ( Komodo) et tu participes finalement à l’entretien de ceux ci
    -tu fais vivre des locaux (logement, resto, taxi, guides, clubs de plongée…)
    -les dive masters locaux ( quand on sait qu’ils sont payés à la plongée) ils n’ont eu de paie pendant le Covid
    -quand tu fais une liveboard en indo , tu participes aux salaires de 12 personnes

    Donc une fois par an en indo, ça me parait raisonnable

    1. @Patrick : difficile de dire ce qui est “raisonnable” ou pas en termes de fréquence de vols… Pour paraphraser Coluche, qui disait quelque chose comme : “Il suffirait de ne pas acheter pour que ça ne se vende plus”, il suffirait que moins de gens prennent l’avion pour qu’il y en ait moins à décoller (et donc à polluer)… Nos choix de consommateurs ont un impact, à terme. En tout cas oui, vous êtes plusieurs à me le rappeler, à juste titre : le tourisme fait aussi vivre des gens sur place et, pour ce qui est de la plongée, contribue à la protection des parcs marins, notamment. La question est évidemment beaucoup plus complexe qu’un simple calcul d’empreinte carbone.

  10. Bonjour Corinne,
    Merci pour cette réflexion si partagée, comme en témoignent les autres commentaires.
    Cette question hante en effet un grand nombre de plongeurs-voyageurs : de mon côté, j’ai la chance d’habiter sur mon lieu de travail, je fais mes courses en ville avec mon caddie de grand-mère et je privilégie les circuits courts et les produits de saison en les cuisinant moi-même, par goût du bon davantage que par choix politique. Sans être hyper investi dans la démarche écolo, je fais donc attention, comme je l’ai toujours fait, et comme me l’ont appris mes origines rurales et modestes. Par ailleurs, je fais l’effort de ne rien acheter sur Internet qui puisse participer au remplissage des containers maritimes en provenance d’Asie, lesquels sont, au niveau mondial, les leaders incontestés de la pollution.
    Ce qui fait que, même si je voyage au moins autant en France qu’à l’étranger, je ne me sens pas encore capable d’envisager de ne plus prendre l’avion pour aller au loin. J’aurais l’impression de me punir pour un méfait dont je ne me sens pas complètement coupable. Un peu coupable, certes – toujours cette bonne vieille empreinte culturelle judéo-chrétienne – mais pas complètement.
    Bref, comme beaucoup d’entre nous, je jongle entre mille petites contradictions. La réponse à la question que tu poses est peut-être, comme dans beaucoup de domaine, dans la mesure. Entre tout et rien, peu mais bien me semble une voie intéressante à explorer.
    Patrick

  11. bonjour, un article tout aussi intéressant que ceux de tes voyages lointains.
    Ravie de voir que tu as réussi à apprécier la faune de la Manche.
    J’ai eu les mêmes remarques sur le “pourquoi plonger en Manche, il n’y a rien”.
    Ce qui comme tu l’as bien évoqué est totalement faux !
    Au plaisir de continuer à te lire et bonnes plongées en Manche !

  12. Bonjour Corinne,
    Nous nous sommes rencontrés au salon l’an passé sur le stand du Petit forum en compagnie de Luko. Je suis comme vous passionné par l’Indonésie.
    Je suis en partie d’accord avec vous sur vos réflexion après covid.
    Mais devons nous pour autant nous priver de ces belles expériences du bout du monde,
    pour moi je ne pense pas .Bien sûr les plongées en Bretagne sont magnifiques mais mais…
    A ce titre je pars sur Alor fin Septembre début Octobre avec des amis,voyage que j’ai dû annuler en 2019 suite à la pandémie.
    Bonne continuation et bonne journée .
    Bien cordialement.
    Jean-Paul
    PS : nous nous étions contactés il y a quelques années sur un voyage à Triton Bay.

    1. Jean-Paul : bonjour, oui, je me rappelle bien ! Je me réjouis pour vous que vous puissiez bientôt explorer les eaux d’Alor après l’annulation due au Covid. Pour ma part, comm je disais plus haut, je suis face à mes contradictions : je me suis remise à la plongée “locale et de saison” d’une part, mais je n’ai pas non plus renoncé aux voyages lointains d’autre part. Je prépare à nouveau un grand périple, après trois années sans avion… Malheureusement, je crains que dans quelques années – cinq, dix, vingt ans ? – les dégâts liés au réchauffement climatique ne nous imposent des privations plus drastiques encore que celles consistant à renoncer à prendre l’avion pour ses loisirs.

Partagez
Tweetez
Partagez