Philippines : Anilao + Romblon - mars 2017
Voyager léger, je ne sais plus ce que c’est ! En mars, je suis partie plonger aux Philippines à Anilao et Romblon. Avec, dans mes bagages, un encombrant attirail de photo macro, pour ramener des images de la faune minuscule qui vit sous l’eau.
Embarquement immédiat
À gauche, mon sac cabine, qui peut se diviser en deux. À droite mon gros sac qui va en soute.
Prête à embarquer ! (Aéroport CDG)
Je vous épargne les ruses que j’ai dû déployer à l’aéroport pour donner l’impression que mon sac cabine, renfermant tout ce précieux barda photographique, ne pesait rien du tout…
(Ce sujet mérite un post à lui tout seul, j’y reviendrai, d’autant que pour la première fois de ma vie de voyageuse-plongeuse-photographe, je me suis fait griller entre deux avions, à l’escale, à Dubaï, par un contrôle balance inopiné établissant que mon sac-cabine pesait plus de 7kg et ça m’a coûté le budget de plusieurs plongées… 😱 )
Quant à mon équipement de plongée, pas de souci, lui, il va en soute dans le gros sac à roulettes. (Et je réponds ici à la question que me posent souvent des amis non-plongeurs, un peu effarés par ma logistique : non, je ne transporte pas de bouteilles de plongée ni de plombs avec moi !!! Ils sont fournis sur place par les centres de plongée.)
Bref. Les bagages lourds mais le cœur léger, je me suis donc (encore) envolée pour l’Asie ! Cap sur les Philippines, cette fois, avec un nouveau jouet, que j’étais très impatiente d’essayer : un objectif 100mm “macro” (pour “macrophotographie”), plus puissant et plus piqué que mon ancien 60mm…



Sans entrer dans les détails techniques, cet objectif fonctionne un peu comme une grosse loupe et permet de photographier de toutes petites bêtes, de quelques centimètres à quelques millimètres. Sur terre, les mordus d’insectes l’utilisent pour immortaliser les abeilles ou les fourmis. Moi, je l’ai emmené sous l’eau et braqué sur des crevettes minuscules, des hippocampes pygmées et des nudibranches (qui portent aussi le nom moins ragoûtant de limaces de mer)…
Bienvenue dans le monde extraordinaire de la macrophotographie sous-marine ! 😍




Anilao et Romblon
Pour étrenner ce nouvel objectif, après bien des hésitations, j’ai sélectionné deux spots précis aux Philippines : Anilao et Romblon.
Anilao est un village situé sur une péninsule du sud-ouest de l’île de Luzon, à 3-4 heures de route au sud de Manille, la capitale. Cette partie du littoral est devenue populaire chez les plongeurs et le nom d’Anilao désigne aujourd’hui l’ensemble de cette région côtière, riche en microfaune sous-marine et propice à la macrophotographie subaquatique, où se sont développés quantité d’hôtels et resorts dédiés à cette activité.




Romblon est une petite île paisible, située au sud-est d’Anilao, à environ 8 heures de ferry, à l’écart des circuits touristiques. C’est la capitale du marbre aux Philippines. C’est aussi un spot de plongée encore pas très connu, où les photographes sous-marins accros à la “super-macro” s’extasient sur des espèces rares de nudibranches translucides et des crevettes chevelues presque invisibles à l’œil nu !




Muck-dive
Anilao et Romblon sont donc des spots bien particuliers. On me demande souvent des conseils sur les sites de plongée en Asie alors je précise d’emblée que ces deux-là ne conviendront pas à tous les plongeurs et sans doute pas du tout aux snorkelers (nageurs en palmes-masque-tuba). Car la spécialité du coin, comme dans le détroit de Lembeh, en Indonésie, c’est plutôt la “muck dive”, qu’on pourrait traduire par “plongée vaseuse”.
En fait de vase, le terme muck dives désigne des plongées sur un fond pas vraiment spectaculaire ni très engageant de prime abord. À Anilao et Romblon, il s’agit le plus souvent d’un mélange de sable et de débris de coraux morts, agrémenté çà et là de quelques “bosquets” et patates de corail.
On y fait des plongées d’observation, qui demandent patience et passion. Car ce substrat qui semble sans attrait aux yeux novices constitue l’habitat de quantité de petits crustacés, mollusques et poissons extraordinaires. Ça grouille de vie ! Et à Anilao et Romblon, la diversité des espèces est remarquable. Les scientifiques continuent d’en découvrir de nouvelles chaque année !
Notez qu’il y a tout de même des sites coralliens “normaux” à Romblon et Anilao, où frétille l’habituelle faune sous-marine des eaux tropicales (à ne pas rater, le magnifique récif Beatrice, près de Sombrero Island, au large d’Anilao). Mais en général, on n’y va qu’une ou deux fois pendant le séjour, entre deux muck dives, pour varier les plaisirs… L’activité des centres de plongée du coin est principalement tournée vers l’observation de la microfaune et la macrophotographie.










Un guide “œil de lynx”
Évidemment, la muck dive n’a d’intérêt que si l’on parvient à voir ces petites créatures qui se planquent parmi tous les débris du substrat ou dans les recoins des récifs. Comme elles sont souvent très douées en camouflage et capables de revêtir des formes surprenantes, les plongées se transforment alors en chasses au trésor, avec un suspense digne d’un safari, mais pour des animaux miniatures. Et quand on s’immerge avec un appareil photo, en mode “chasse aux images”, c’est bien simple, on ne voit pas le temps passer…
Détail très important : sans un guide “œil de lynx” à vos côtés, vous risquez de passer à côté de beaucoup de choses. Certaines espèces sont très petites, d’autres savent très bien se confondre avec leur environnement, et puis il faut aussi savoir où chercher.
Toute la réussite de la plongée repose donc souvent sur le guide et son talent de “spotter”, son expérience du site, sa connaissance du milieu et de la faune, son enthousiasme aussi bien sûr – ainsi que sur sa capacité à bien communiquer sous l’eau, pour attirer votre attention sur un détail fascinant, que jamais vous n’auriez remarqué sans lui.











Planet Dive et Three P Divers
Ah, les guides ! Comme ils sont précieux, comme je leur suis reconnaissante…
Chez Planet Dive à Anilao, j’ai eu recours aux services de l’adorable Herbert, toujours calme et bienveillant. Originaire de la région, père de trois ados, propriétaire de ses bateaux, il est d’une patience infinie avec les caprices des photographes et très prévenant avec les plongeuses frileuses, qui sont traitées en princesses (clin d’œil à ma binôme Lise). Il a notamment instauré à bord de sa banca (le bateau traditionnel philippin à balanciers), un service qui relève pour moi du cinq étoiles, du luxe suprême : la distribution de serviettes brûlantes (oui, comme celles que donnent les hôtesses dans l’avion) pour réchauffer ces dames frigorifiées par 90 minutes d’immersion (oui, je suis frigorifiée en plongée dans une mer à 26°C). Un peu d’eau chaude versée d’une thermos, une mini-glacière pour conserver le tout à température, et le tour est joué !


Chez Three P Divers à Romblon, je n’ai pas eu de guide attitré, mais j’ai été entourée d’une équipe germano-philippine enthousiaste et passionnée, qui fait merveille… Durant mon séjour, se sont succédé à mes côtés le fantastique Joseph alias “Erap”, 50 kilos tout mouillé et “trouve-tout” de génie, qui sait où vivent tous les nudibranches du quartier (surtout les très rares et les tout petits), ainsi que Philipp, Fabia et Kati, experts en biologie marine, qui connaissent toutes les espèces et transforment chaque plongée en exploration captivante digne du National Geographic…


Bref, sans eux, je ne me serais pas autant amusée avec mon nouveau jouet. Ni émerveillée à chaque plongée.
Dire que n’étais pas retournée aux Philippines, depuis mon précédent voyage de 2008 aux Visayas ! Je reviens enchantée de ce petit séjour spécial macrophotographie, que j’aurais bien aimé prolonger d’une semaine ou deux, pour y ajouter les grosses bêtes du récif de Tubbataha. Ce sera le prétexte d’un prochain voyage… 😎
À noter que pour une fois, je n’étais pas en solo pour toute la durée du voyage, un couple d’amis parisiens m’ayant rejointe pour quelques jours à Anilao (coucou Lise et Thomas !). Un grand merci aussi à Olivier du site Asiaqua.com (basé en ce moment sur place, à Anilao et que j’avais déjà croisé en Thaïlande en 2009) : au moment de caler les réservations, on a opté pour la facilité mon amie Lise et moi, en lui déléguant l’organisation (à la carte et aux petits oignons) de nos séjours respectifs…
Voilà. Je voulais poser ça en préambule aux autres posts à venir sur ce voyage. Pour que vous compreniez pourquoi, à la différence de ma précédente escapade plongée en Égypte, il n’y aura quasiment que des photos en mode macro, sous l’eau… 😉
Plus je plonge, plus je suis fascinée par l’extraordinaire richesse du monde sous-marin, qu’il soit XXL ou lilliputien. Plus j’ai conscience aussi de la fragilité de cet écosystème, où tout est lié, interdépendant. Et plus je mesure la chance que j’ai d’avoir pu, depuis près d’une vingtaine d’années, observer tant d’animaux dans leur environnement marin naturel. Pas sûr que ce soit encore possible dans vingt ans…