Mes camarades stagiaires, fort occupés à marquer une position, avec un parachute de surface. (Trébeurden, juin 2020)
Mes camarades stagiaires, fort occupés à marquer une position, avec un parachute de surface. (Trébeurden, juin 2020)

Voyager et plonger dans le monde d’après le Covid

#Bretagne #Philippines

  Entre deux voyages

Difficile de faire des projets de voyage plongée, avec la pandémie de Covid-19. Dans le monde d’avant le coronavirus, je partais plonger aux Philippines ou en Indonésie… Dans le monde d’après, je plonge en Bretagne dans des eaux vertes et froides.

Plonger malgré la pandémie de Covid

Vraiment étrange, cette année 2020, dont les semaines filent au rythme morose du décompte des “covidés”. Frontières fermées, liaisons aériennes limitées… Comme nombre de plongeurs voyageurs, j’ai dû mettre au placard mes envies d’ailleurs. Et je me suis rabattue sur les eaux locales. Pour moi, c’est la Bretagne…

Selfie avec bonnet, masque anti-Covid, combinaison étanche... Plongée en Bretagne dans le monde d'après. (Trébeurden, juin 2020)
Selfie avec bonnet, masque anti-covid, combinaison étanche… Plongée en Bretagne dans le monde d’après le coronavirus. (Trébeurden, juin 2020)

Les adeptes du développement personnel appellent ça “sortir de sa zone de confort”. Moi la très grande frileuse, qui ne plongeais plus que dans des mers chaudes pendant les vacances, je me suis réimmergée dans les eaux fraîches de la Manche, début juin 2020, aux premiers jours du déconfinement… 🥶

C’était au Centre d’Activités Plongée de Trébeurden (Côtes-d’Armor), lors d’un stage de formation professionnelle pour obtenir le Certificat d’aptitude à l’hyperbarie (CAH) Classe 1 Mention B (jusqu’à 30 mètres).

Un stage que j’avais calé avant la crise sanitaire, pour pouvoir à l’avenir faire de la photo sous-marine avec ma casquette de journaliste dans un cadre légal et en toute sécurité. Et, accessoirement, pour apprendre à utiliser une combinaison étanche.

Mission accomplie : je suis désormais officiellement autorisée à travailler sous pression, et je m’émerveille d’avoir pu plonger dans une eau à 16°C sans mourir de froid et en gardant les fesses au sec. Ou presque. Un détail trivial de collerette mal ajustée qui laisse entrer l’eau dans la combi… 😂

Je qualifierais l’expérience d’enrichissante, même si ce ne fut pas exactement une partie de plaisir, en tout cas bien loin de la détente que je recherche habituellement en plongée…

Ce stage étant axé sur la sécurité, en plus des règles liées à la plongée professionnelle nous avons dû nous habituer aux procédures Covid-19 : port du masque de protection obligatoire en permanence, y compris sur le bateau, désinfection systématique au virucide du masque de plongée et du détendeur dès la sortie de l’eau, désinfection et rinçage complets du matériel au retour au centre… 😷

Bien sûr, c’est contraignant, mais on s’y fait. Pas le choix de toute façon. Pour plonger, dans ce contexte pandémique, on se doit de respecter ces précautions.

Sur ce thème, je vous renvoie au dossier très complet signé Alain Foret sur le site Plongée Plaisir, avec des fiches à télécharger mises à jour récemment. Voir aussi les sites de la FFESSM et de DAN, qui récapitulent les préconisations actuelles concernant le Covid :

→ Plongée Plaisir – Dossier coronavirus et plongée
→ FFESSM – Recommandations post-confinement liées à l’épidémie de Covid-19
→ DAN – Covid-19 et opérations de plongée

Des eaux vertes et froides

Pendant le stage, j’ai été autorisée à prendre avec moi mon appareil photo une seule fois lors d’un de nos “chantiers” sous-marins. Évidemment, ce n’est pas exactement la même ambiance que dans les eaux indonésiennes ou philippines… 😂

Mais c’est joli aussi, l’eau verte. Ça crée une atmosphère un peu mystérieuse…

Mes camarades stagiaires, fort occupés à marquer une position, avec un parachute de surface. (Trébeurden, juin 2020)
Mes camarades stagiaires, fort occupés à marquer une position, avec un parachute de surface. (Trébeurden, juin 2020)
Mes camarades stagiaires, fort occupés à marquer une position, avec un parachute de surface. (Trébeurden, juin 2020)
C’est joli aussi, l’eau verte… En tout cas, ça me change d’ambiance. (Trébeurden, juin 2020)

On m’assure qu’il y a de quoi s’éclater en photo sous-marine dans les eaux bretonnes. Je veux bien le croire et j’envisage même d’investir dans une combinaison étanche à ma taille. (Aucune envie de plonger en humide dans une mer si froide… 🥶) Et pour un peu “d’exotisme” par rapport à la Bretagne, il reste la Méditerranée. Mais une combinaison sèche, c’est un gros investissement, j’hésite encore.

Pas sûr que je l’utilise beaucoup, en effet, vu mon manque d’enthousiasme pour les eaux d’ici et les fenêtres météo saisonnières limitées sous nos latitudes… Mais ça pourrait changer.

Voyager et plonger après le Covid ?

Bon, ceci dit, j’ai plutôt été gâtée jusqu’à présent. Ça fait quand même vingt ans que je fais des bulles ailleurs qu’en piscine ou en Manche… Résultat, je suis devenue accro aux mers lointaines, aux eaux tropicales et poissonneuses, aux sites du fabuleux Triangle de Corail… 😍

Voir tous les voyages plongée

Alors forcément, après avoir passé tout un été en France, au sec et sans dépaysement pour la toute première fois depuis des années, je me dis que c’est peut-être la fin d’une époque.

On ne va pas revoyager de sitôt, dans le monde d’après. Le Covid est toujours là. Et ça risque d’être encore long. Pour l’Asie en général et l’Indonésie en particulier (ma destination plongée favorite entre toutes), ce ne sera vraisemblablement pas cette année 2020. 😭

COVID-19. Peut-on voyager en Indonésie au départ de la France ? À la date où j’édite ces lignes (7 juin 2022), les voyageurs étrangers sont à nouveau autorisés à entrer en Indonésie sans quarantaine. Il n’y a plus besoin de présenter un test PCR à l’arrivée si l’on est vacciné. Le Visa on Arrival (VoA) touristique de 30 jours est rétabli dans tous les aéroports (500 000 IDR, environ 35 €, renouvelable une fois), le visa B211A-tourism est lui aussi à nouveau valable. Sont tout de même demandés : un certificat de vaccination deux ou trois doses depuis au moins 14 jours (une dose pour le Johnson & Johnson), une assurance couvrant le Covid-19 (pour un montant d’au moins 13 400 € environ), ainsi que l’enregistrement sur l’application PeduliLindungi pour smartphone (iOS ou Android). Pour des infos réactualisées régulièrement sur la situation sanitaire et le tourisme en Indonésie, je vous invite à visiter cette page de l’agence BaliAutrement.

En ce début septembre 2020, toutes les frontières ne sont pas fermées aux voyageurs plongeurs venant de France, cependant. Plusieurs destinations européennes et méditerranéennes sont accessibles, ainsi que la Polynésie française, l’Égypte et le Mexique par exemple pour des destinations plus lointaines. Mais il faut quand même montrer patte blanche, avec un questionnaire sanitaire ou un test PCR récent.

Ce qui est problématique, c’est l’incertitude concernant le voyage lui-même : des frontières peuvent soudain fermer à cause de nouveaux clusters, des liaisons aériennes être annulées du jour au lendemain, des quarantaines être instaurées subitement…

Pour suivre l’évolution des conditions d’entrée et de transit des voyageurs, pays par pays, on peut consulter la carte à cliquer de l’IATA (International Air Transport Association) mise à jour régulièrement :

→ IATA – Covid-19 Travel Regulations Map (en anglais)

Mais je ne peux tout de même pas trop me plaindre : j’ai la chance d’avoir pu partir plonger aux Philippines fin février-début mars 2020, quand le coronavirus n’était pas encore une entrave aux déplacements. À l’époque, cependant, les Chinois et les Coréens n’avaient déjà plus la possibilité de voyager. Ça a eu un impact énorme sur le secteur du tourisme dans l’archipel philippin, où ils représentaient une grosse part de la clientèle.

Le spectaculaire banc de sardines de Moalboal, à Cebu, pratique la distanciation sociale avec les humains. Pas de coronavirus sous l'eau, on peut plonger sans crainte...(Philippines, mars 2020)
Le spectaculaire banc de sardines de Moalboal, à Cebu, pratique la distanciation sociale avec les humains. Pas de coronavirus, sous l’eau, on peut plonger sans crainte… (Philippines, mars 2020)
Plonger malgré le coronavirus... Ici un récif corallien plein de vie, photographié dans la baie de Sogod, à Leyte. (Philippines, mars 2020)
Un récif corallien plein de vie, photographié dans la baie de Sogod, à Leyte. (Philippines, mars 2020)

À gauche : de flamboyants “coraux mous” accrochés au tombant de l’île de Pescador, au large de Moalboal. À droite : une nuée d’anthias mauves le long du tombant de Pescador. (Cebu, Philippines, mars 2020)

Ayant par le passé déjà voyagé en Asie lors de l’épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), je n’étais pas plus inquiète que ça de partir plonger. Je n’ai pas été choquée qu’on contrôle ma température ni que les gens portent le masque à l’aéroport. Le masque est un accessoire “normal” en Asie, c’est une habitude acquise depuis longtemps. On en porte un volontiers dès qu’on a un rhume pour ne pas contaminer les autres, ou pour se protéger de la pollution dans les grandes villes.

Mon séjour en lui-même s’est déroulé sans encombre, le coronavirus ne m’a pas empêchée de plonger, puis je suis rentrée en France sans souci… Pile à la veille du confinement de Manille le 15 mars 2020, juste avant le confinement chez nous. 😅 Plein d’autres vacanciers n’ont pas eu cette chance, et se sont retrouvés coincés à l’étranger, en attente d’un vol de rapatriement.

Aujourd’hui, cette pandémie de Covid me fait entrevoir un monde où l’on ne pourra plus voyager ni partir plonger aussi librement qu’avant.

Mon vol retour vers la France, le 14 mars. L'avion vient de décoller de Manille, l'ambiance a bien changé par rapport à mon vol aller, quinze jours plus tôt. Des rangées entières de passagers portent le masque désormais. L'hôtesse mettra le sien peu après. (Philippines, mars 2020)
Mon vol retour vers la France, le 14 mars. L’avion vient de décoller de Manille, l’ambiance a bien changé par rapport à mon vol aller, quinze jours plus tôt. Des rangées entières de passagers portent le masque désormais. L’hôtesse mettra le sien peu après. (Philippines, mars 2020)

Un confinement bon pour la planète ?

La paralysie presque totale du transport aérien et du tourisme, avec le ralentissement global des activités humaines, aura permis de retarder du 31 juillet au 22 août le jour du dépassement des ressources annuelles de la Terre. Mais l’impact sur le réchauffement climatique, lui, est assez dérisoire : même avec deux années de confinement, on ne gagnerait au mieux que -0,01 °C en 2030. Pourtant, il est urgent d’utiliser tous les leviers pour limiter autant que possible cette catastrophe en cours…

Les plans de relance post-confinement vont-ils réussir à changer les choses ? Dans le sien, la France prévoit de consacrer 30 milliards d’euros sur 100 à l’écologie et à la transition énergétique. À suivre…

Mise à jour, mars 2021. Sur le thème “Le Covid-19 est-il bon sur le climat ?” j’ajoute ci-dessous cette intéressante vidéo diffusée par Le Monde le 29 mars 2021 qui montre que la réduction des émissions de gaz à effet de serre reste limitée :

Je me rappelle bien ma sidération, quand on a commencé à comprendre que cette épidémie apparue en Chine était devenue une pandémie. Que les systèmes de santé débordés, les restrictions de déplacement, les confinements, les quarantaines concernaient la planète tout entière !

Au comptoir d'enregistrement de la compagnie AirSwift, à Cebu, une employée a contrôlé ma température. Le port du masque n'était pas encore obligatoire... (Philippines, mars 2020)
Au comptoir d’enregistrement de la compagnie AirSwift, le 11 mars, à Cebu, une employée a contrôlé ma température. Le port du masque n’était pas encore obligatoire… (Philippines, mars 2020)

Quand on en aura fini avec le Covid-19, j’imagine que pas mal de précautions contraignantes seront malgré tout maintenues pour prévenir de nouvelles épidémies potentielles. Dans les aéroports, notamment, les mesures d’hygiène et les contrôles sanitaires systématiques vont vraisemblablement demeurer la norme…

Avec cette immobilité forcée de presque six mois due au coronavirus, je commence à être en manque de voyages plongée.

J’ai la nostalgie de ces moments d’émerveillement absolu quand je m’immerge avec mon appareil photo sur un récif frétillant de vie. De cette grisante sensation de liberté quand je suis loin de chez moi, au bout du monde. Et de ce plaisir inépuisable de découvrir de nouveaux horizons, de me confronter à une culture différente de la mienne…

Cette drôle de période me donne en tout cas un avant-goût de ce que pourrait être un monde où, pour des raisons écologiques, on ne partirait plus à l’autre bout de la planète pour les vacances.

Quand on voyage pour plonger et photographier des récifs coralliens, cela signifie des destinations tropicales, lointaines. Et on se sent plutôt coupable des énormes émissions de gaz à effet de serre liées aux longs trajets en avion… À cause du CO2 en excès dans l’atmosphère, l’océan se réchauffe et s’acidifie, les coraux blanchissent et meurent.

Sur le sujet de l’impact environnemental du tourisme, je vous invite à écouter ci-dessous cet intéressant podcast intitulé « Peut-on être écolo et partir en vacances ? », signé Lucas Scaltritti. Il s’intéresse notamment au “tourisme bleu” (les vacances à la mer), mais les sports d’hiver ne sont pas en reste…

Alors face à l’urgence climatique et à l’épuisement des énergies fossiles, ne vaudrait-il pas mieux ne plus partir loin ? Renoncer aux îles du Pacifique ou de l’océan Indien, par exemple, puisqu’on ne peut pas y aller en train ? Et réapprendre à apprécier ce que l’on a près de chez soi ? Comme les eaux vertes et froides de la Bretagne, par exemple ? Je le dis sans ironie.

Mais j’ai quand même du mal à m’imaginer un monde où l’on resterait toujours chez soi, entre soi, dans les frontières de son propre pays  ou d’un pays voisin, avec des évasions “locales” pour seul horizon…

Comme pas mal de gens je m’efforce de réduire mon empreinte carbone dans ma vie quotidienne (dans la bouffe, l’énergie, les transports). Mais pour mes voyages plongée, c’est plus compliqué. Pour moi, la photo sous-marine est une passion, pas juste un loisir remplaçable par un autre, et j’ai bien conscience de ne pas être réellement prête à sacrifier ça.

Alors, quand il sera de nouveau possible de voyager à peu près librement dans le monde d’après le Covid, j’espère bien pouvoir repartir. Peut-être moins souvent. Mais, qui sait, peut-être beaucoup plus longtemps ?

🤔

  Entre deux voyages

  Philippines : Sogod Bay [Leyte] + Moalboal [Cebu] + Pangatalan [Palawan] - mars 2020

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