Indonésie : Sulawesi - juillet 2007
J’ai déménagé sur l’île de Lembeh, sur la côte ouest du Nord-Sulawesi (Indonésie), juste en face du gros port de Bitung. Au fond du détroit, planqués dans le sable noir, vivent de petits monstres sous-marins qui font la joie des plongeurs photographes.
Au cœur du détroit de Lembeh
En ce mois de juillet 2007, j’ai donc posé pour quelques jours mes sacs au Divers Lodge, sur l’île de Lembeh (Nord-Sulawesi, Indonésie). Rob, le Néerlandais qui dirige ce petit resort de plongée avec sa femme indonésienne Linda, est venu me chercher en voiture à Manado, puis m’a conduite au port de Bitung.
Ensuite, la traversée du détroit jusqu’au resort sur l’île de Lembeh dure 15-20 minutes.

J’avais fissa réservé depuis la France, juste avant de partir, un petit package “3 jours de plongée + 4 nuits” via son site internet, ayant appris, lors de mes échanges d’e-mails avec Christiane de Froggies que Rob était complet pour le mois de juillet à partir du 6…
Bigre! Je l’ai échappé belle. Moi qui pensais me pointer comme ça et aviser sur place, comme je le fais souvent, j’ai bien failli rater l’occasion de plonger dans le détroit de Lembeh.
Et ç’eût été bien dommage, vraiment. Ce seront les plongées les plus extraordinaires de mon séjour à Sulawesi…

À Lembeh, il n’y a quasiment que des resorts luxueux, pas dans mes moyens. Divers Lodge est l’une des rares structures de plongées abordables, avec le Sulawesi Dive Quest voisin.
Le petit resort de Rob et Linda est un havre de paix, niché au milieu de la verdure. Ses jolis bungalows en bois, aménagés avec goût, sont pourvus de tout le confort (vraie douche et eau chaude, aaaahh!). Ils ont tous d’immenses baies vitrées avec vue exquise sur la petite baie aux eaux jade, côté océan, bordée de cocotiers.
Précisions. Pour rappel, cet article date de 2007 et l’offre à Lembeh s’est beaucoup étoffée depuis. Il y a maintenant davantage de choix de centres de plongée, pour tous les budgets. En 2010, puis en 2017, je suis retournée au Divers Lodge, qui a conservé des tarifs très abordables, toujours avec possibilité de guide privé sous l’eau ou en tout petit comité, un bonheur pour les photographes subaquatiques…
Délicate attention pour les photographes sous-marins : il y a une vraie multiprise dans la chambre, pour recharger les batteries.
Je savoure la quiétude des lieux. Ici, on est loin de la foule et de l’agitation du port. Luxe simple, calme et volupté…



Des plongées extraordinaires
Au Divers Lodge, on vit en vase clos, entre plongeurs, car le resort est isolé sur la partie sud de l’île de Lembeh. Je m’entends tout de suite bien avec Teresa, une Suisse de Zurich, très marrante, qui vient ici depuis de nombreuses années faire de la photo sous-marine.
C’est une mordue, qui totalise plus de 700 plongées dans le détroit… Teresa est équipée d’un appareil nettement plus imposant que mon compact, avec gros caisson et flash externe. Elle fait de superbes images, qu’elle met en ligne, elle aussi. Son site perso, ici: Starfish.ch.
La plongée dans le détroit de Lembeh diffère totalement de celle de Bunaken. Ici, c’est de la muck-dive, littéralement de la “plongée dans la boue”. C’est-à-dire qu’au lieu de plonger sur des tombants ou un récif, on explore un fond qui n’est pas vraiment de la boue, mais un substrat de sédiments et de sable, ici noir volcanique, avec son lot de détritus liés à l’activité du port et des villages à proximité, dans une eau souvent très chargée en particules et débris…
Et en palmant en douceur, au-dessus de ce fond pas très net, on découvre mille et une créatures sous-marines des plus bizarres, comme on n’en trouve nulle par ailleurs, planquées dans les débris ou sous le sable…
C’est tout à coup une feuille qui se met à nager (poisson-feuille). Un hippocampe qui se détache subrepticement d’un bout d’algue jaune. Un poisson-scorpion qui émerge d’un nuage de sable gris. Un poisson-crapaud ou poisson-grenouille (antennaire, en bon français), à peine visible contre un bout de caillasse, qui agite son leurre, sorte de mini-canne à pêche accrochée à sa tête, qui lui permet d’attirer ses proies à proximité de sa gueule…
C’est réellement extra-ordinaire !



Lembeh, paradis des photographes sous-marins
Là encore, l’œil exercé de nos guides indonésiens est indispensable… Teresa et moi avons un guide et un bateau pour nous toutes seules. C’est, comme chez Froggies, de la plongée grand luxe, je dois dire.

Notre guide Atu, est un jeune Indonésien à l’anglais hésitant, mais super doué pour dénicher les bestioles que nous voulons. Ces dames désirent un hairy frogfish (poisson-grenouille velu, poilu ou chevelu, comme on voudra) pour la plongée du matin ? Qu’à cela ne tienne, il suffit quasiment de lui passer commande pour avoir la bébête… Atu trouve tout!
Lembeh, c’est vraiment le paradis des photographes sous-marins. Je me régale, malgré l’eau plutôt “froide” à mon goût, en cette saison, soit 25-26°C maximum. Je sors en frissonnant à chaque plongée, dans ma trop fine combi de 3 mm (qui est en réalité une combi de surf achetée à pas cher, et pas vraiment adaptée pour la plongée).
Toutes ces particules en suspension dans l’eau m’ont filé une otite (un classique parmi les petits maux des plongeurs). Je la soigne comme il faut avec les gouttes appropriées, qui portent ici le nom évocateur d’Ottopain (l’équivalent est commercialisé en France sous le nom de Panotile). Atu prend bien soin de toujours mettre une cagoule. Comme ça, il ne chope pas d’otite, lui…
D’autres articles sur le détroit de Lembeh
→ Cargos rouillés et sable noir
→ Nudibranches forever
→ Les mini-monstres de Lembeh