Mexique : Yucatán - juillet 2014
La mer des Caraïbes, ça change de l’Asie ! Au Mexique, je ne pouvais pas faire l’impasse sur l’île de Cozumel, spot de plongée renommé.
Un été mexicain
Juillet 2014 : nouvel exotisme, nouveaux fonds sous-marins. Cet été, j’ai choisi de découvrir la côte caribéenne du Mexique, celle de l’État du Quintana Roo. La région m’attire pour ses fabuleux cénotes – ces gouffres engloutis vénérés par les Mayas que l’on peut désormais explorer en plongée – et son spectaculaire rassemblement de requins-baleines, au large de Cancún, que je rêve de voir depuis des années…
Entre les cénotes et les requins-baleines, je ne pouvais pas faire l’impasse sur l’île de Cozumel, explorée par Cousteau au début des années 1960. C’est LE spot de plongée de la péninsule du Yucatán, le plus réputé du coin ! Grâce à Cozumel et à la plongée, j’ai fait la rencontre de Sergio, un sacré personnage…
Sergio Sandoval, pionnier de la plongée à Cozumel
Son nom complet : Sergio Sandoval Vizcaíno. Pionnier de la plongée à Cozumel, où il vit depuis 1979, il a fêté son 74e anniversaire au début de l’année 2015 et continue toujours à faire des bulles sous l’eau !
MISE À JOUR – 10 OCTOBRE 2018. Je viens d’apprendre, via Facebook, le décès de Sergio, soit quatre ans après notre rencontre en juillet 2014… Il avait 77 ans. Je ne suis pas retournée au Mexique depuis. Plus jamais je n’aurai l’occasion de plonger à nouveau avec Sergio, qui m’a fait découvrir le magnifique récif de Cozumel. Je vous laisse relire ou découvrir ci-dessous ce que j’avais écrit à l’époque.

L’homme est un inépuisable raconteur d’histoires, pittoresque au possible. Soucieux de sa forme, il évite l’alcool et boit de l’eau de mer régulièrement, convaincu que “c’est bon pour la santé” !
Il en fait souvent la démonstration sur son bateau, pour épater les clients qu’il emmène plonger… Mais en fait, il ne la boit pas pure ! Il dilue juste un peu d’eau de mer dans une bouteille d’eau douce.
Sergio a beau être un plongeur-bouteille, il ne se sépare jamais de son tuba, accroché à son masque, parce que cela lui a sauvé la vie, il y a longtemps. Perdu en mer après une plongée, il a dérivé plusieurs jours au milieu des flots avant d’être secouru. Son tuba lui a permis de respirer en surface sans boire la tasse et de ne pas périr noyé.
Ancien ingénieur en mécanique automobile, Sergio est aussi un passionné de photo sous-marine et un bricoleur patient : il fabrique lui-même les caissons étanches pour ses appareils, dans son atelier, à la maison ! Enfin, ce septuagénaire n’est évidemment pas “digital native”, mais depuis qu’il a découvert la GoPro et les réseaux sociaux, il publie quantité de petits films sous-marins sur Facebook.
Surtout, Sergio connaît particulièrement bien les sites de plongée de Cozumel et les courants redoutables dans le détroit entre Playa del Carmen et l’île. Jour après jour, à chaque sortie, il surveille la santé des coraux et des poissons, prend des photos sous l’eau et, de retour sur terre, vante la beauté des fonds sous-marins de la région aux touristes.
C’est un homme passionné et passionnant, chaleureux, polyglotte, extraordinairement sympathique. Je suis ravie d’avoir découvert le récif de Cozumel avec lui.


Une famille mexicaine très aquatique
La maison de Sergio, à San Miguel, la grande ville de l’île, est connue par tous les chauffeurs de taxi sous deux noms : Aquarama, qui est aujourd’hui l’école de natation pour enfants animée par sa fille et sa petite-fille, dont les cours ont lieu dans la piscine du jardin (Aquarama est aussi le nom d’un de ses bateaux) ; et Aquatic Sports, qui désigne la petite structure de plongée qu’il dirige avec l’aide de sa femme Lolita.
Impliqué depuis longtemps dans la préservation des fonds marins, Sergio Senior (pour le distinguer de Sergio Junior, son fils, qui porte le même nom et organise lui aussi des sorties de plongée ainsi que de pêche au gros) est aujourd’hui l’un des plus anciens opérateurs de plongée de Cozumel. Il est aussi l’un pilier de la Scuba Fest annuelle, en décembre.


Chez Sergio, une Vierge Marie surveille la piscine depuis son alcove et des coupures de journaux, encadrées et accrochées aux murs, saluent les exploits aquatiques de sa fille et de sa petite-fille, toutes deux prénommées Beatriz.
La première, en 1985, à l’âge de 14 ans, a traversé à la nage les quelques 45 kilomètres qui séparent Cozumel de la côte, en 10 heures et 55 minutes.
Une génération plus tard, en 2009, la seconde, surnommée “Betty”, alors âgée de 13 ans, a tenté de battre le record de sa mère, mais les courants l’ont malheureusement déportée trop loin de l’île, l’empêchant d’atteindre son but. La petite a tout de même nagé près de 13 heures d’affilée… Chez les Sandoval, on aime vraiment l’eau, c’est de famille !!!
Le fabuleux récif de Cozumel
Pour la photographe subaquatique que je suis, qui apprécie les plongées “à la carte” et de préférence en petit comité, la structure familiale de Sergio est l’idéal. Comme il fait aussi de la photo, je finis souvent les plongées en binôme avec lui, tandis que Cristobal, son jeune dive-master, encadre le reste de la palanquée.
Entre deux immersions, c’est pique-nique “salsa-guacamole-jambon-fromage-fruits” sur le bateau Aquarama. L’ambiance est détendue et internationale.
Au fil de cette semaine passée à Cozumel, je plonge, selon les jours, avec un jeune couple de Belges, une Américaine, une Allemande et un couple de Japonais, avec qui je me découvre des connaissances communes en Indonésie – ils plongent souvent en Asie, comme moi. Ce sont de grands amis de Sergio et Lolita, ils viennent régulièrement en vacances à Cozumel.
Sous l’eau je découvre un environnement différent de ce à quoi je suis habituée en Asie. Les espèces de raies, par exemple, ne sont pas du tout les mêmes. Il y a aussi abondance de gros poissons-anges (de la famille des Pomacanthus, me précise un lecteur du blog) qui me rappellent les platax asiatiques.
Et puis, dans ces eaux, les rascasses volantes (les “poissons-lions”) sont des envahisseurs : ces poissons originaires d’Asie ont été introduits dans les eaux mexicaines de la mer des Caraïbes, où ils n’ont pas de prédateur. Ils sont voraces et prolifèrent aux détriment d’autres espèces, déséquilibrant l’écosystème. Les professionnels de la plongée sont autorisés à les tuer quand ils en voient.
Mise à jour – 3 mai 2015 : l’AFP vient de publier une infographie sur le sujet, qui résume bien la situation. Je vous insère leur image ci-dessous.


Le récif de Cozumel est bien plus beau que les sites d’en face, sur la côte, autour de Playa del Carmen. J’ai eu grand plaisir à l’explorer, même si je l’ai trouvé globalement moins exubérant et grouillant de vie que les spots indonésiens ou malaisiens que j’aime tant.
La faune tropicale “habituelle” est bien présente, mais la densité et la diversité me semblent moindres… Ce qui n’empêche pas de faire de belles rencontres, la preuve !
Mes sites préférés sur le récif de Cozumel sont dans la zone appelée Palancar, où il y a d’énormes et spectaculaires formations coralliennes. Leurs excroissances jaunes et roses sont du plus bel effet sous la lueur du flash.
Pour les plongeurs, c’est un terrain de jeu fantastique : il y a des cavités à explorer, des arches et des passages où l’on peut se faufiler et pas mal de vie à observer.



Pour en savoir plus sur la plongée avec Sergio Senior à Cozumel, je vous renvoie vers ces liens :
→ Le site du centre Aquatic Sports
→ Sa page Facebook