La peur en avion.

La trouille en avion

  Cambodge et Thaïlande - février 2011

Ce voyage au Cambodge et en Thaïlande m’aura fait prendre six avions et trois compagnies aériennes (Malaysia Airlines, Bangkok Airways, AirAsia). D’habitude, je n’ai pas trop peur, je ne suis pas trop trouillarde en avion. Mais là, j’ai eu une grosse frayeur au retour, sur le tronçon Phuket – Kuala Lumpur…

Six avions

Je me suis amusée à recomposer mon trajet en vidéo (une chouette fonction d’iMovie : on peut tracer son itinéraire sur un globe terrestre).

Notre projet, avec l’amie qui m’accompagnait : arriver au Cambodge et repartir de Thaïlande. Un vol « open jaw » dans le jargon des compagnies aériennes, avec points d’entrée et de sortie différents. Nous avons opté pour Malaysia Airlines, d’où l’escale à Kuala Lumpur. Soit quatre avions, pour l’aller et le retour entre l’Asie et la France.

Ensuite, pour passer du Cambodge à la Thaïlande, se sont ajoutés deux vols supplémentaires :
→ Siem Reap – Bangkok (sur Bangkok Airways)
→ Bangkok – Krabi (sur AirAsia)

Mon amie est rentrée en France une semaine avant moi. Moi, j’avais la chance de pouvoir prolonger ces petites vacances… Et j’en ai profité pour plonger, bien sûr ! (Je reviens vous raconter ça dans les prochains posts.)

Grosse trouille

Vendredi donc, après avoir passé une dizaine de jours dans le sud de la Thaïlande, j’embarque sur le vol MH791 de Malaysia Airlines. Décollage de Phuket prévu pour 18h10, arrivée à Kuala Lumpur environ une heure et demie plus tard.

On décolle et je me tiens prête avec l’appareil-photo. Le survol de la baie de Phang Nga, hérissée d’îlots et pitons rocheux, est toujours spectaculaire.

Je n’ai pas d’apréhension particulière sur le moment. Je suis près d’un hublot, derrière l’aile. L’avion n’est plus tout jeune, ça se voit, l’aile a de grosses traces grises et plusieurs pièces rivetées visiblement ajoutées en renfort ou réparation. Mais bon, rien de suspect.

Et puis, alors que je commence à photographier la baie, un peu déçue qu’il fasse déjà trop sombre, l’appareil s’incline sur le côté pour amorcer un virage. La sensation est toujours un peu bizarre, mais la manœuvre est classique après un décollage, quand l’avion doit changer de direction pour suivre son plan de vol.

Ça penche, donc. Normal.

J’ai des élancements dans l’oreille droite. Je traîne une petite otite, habituel bobo de plongeuse. J’ai fait des bulles non-stop en mer d’Andaman ces derniers jours. Avec l’altitude et la pressurisation de la cabine, la douleur se réveille. Normal.

Sauf que… sauf que…

L’avion penche trop, beaucoup trop, là. Ça n’est pas normal. En principe, ils ne font pas d’acrobaties, les pilotes des compagnies commerciales, hein ? Y’a le confort des passagers, la sécurité, tout ça…

Ça vire à fond les ballons, l’accélération est brutale. Je me retrouve carrément plaquée au fond du siège. Ouh là là… Oh, non ! Ça n’est pas normal du tout !

Je jette un œil ma voisine à droite. Elle fait une drôle de tête. Elle aussi, elle sent qu’il se passe un truc pas normal.

La trouille en avion...

Problème technique

Cet atroce virage a duré quelques secondes, pas plus. Le cœur rate un battement, l’estomac se retourne, la trouille se niche au fond des tripes.

Et puis l’avion s’est redressé, stabilisé.

On n’est plus plaqués dans nos sièges. On ose à nouveau respirer. Ma voisine esquisse un pâle sourire, les mains crispées sur l’accoudoir.

Le haut-parleur crachote. “This is your captain speaking… We have a technical problem, so we are now flying back to Phuket, to solve this problem. Please keep your seatbelt fasten. I repeat : we are going back to Phuket. Be ready for landing.”

Des rires nerveux s’élèvent dans les rangs devant moi. Ma voisine est blême.

Problème technique ? Il veut ramener l’avion à Phuket ? Et il va quand même pouvoir atterrir ? D’ailleurs, c’est quoi, le problème ? C’est grave, ou pas ? Pour qu’il décide de revenir, ça ne doit pas être un petit problème. Plutôt un gros problème, même.

Là, la trouille se met à grossir grave.

Les minutes qui suivent sont longues, très longues. On perd de l’altitude, pas trop de turbulences, l’appareil descend vers la mer, se remet dans l’axe de la piste, ça vibre un peu. Silence complet dans l’avion.

Et tout se passe bien. On atterrit normalement.

Évidemment, tout le monde se lâche et applaudit frénétiquement une fois que nous sommes posés. Pas moi. Ni ma voisine. On n’est pas au spectacle, non mais.

Après, on est restés une heure enfermés dans l’avion, le temps qu’ils réparent… Allées et venues de mécanos et de types munis de talkies-walkies, entre la porte arrière et le cockpit. Je ne sais pas en quoi consistait le problème technique en question. On n’a pas eu d’explications précises.

Ensuite, le capitaine nous a simplement annoncé que le problème était réglé, qu’on repartait. On a redécollé dans le même appareil. Ma voisine et moi, on ne rigolait pas du tout. On aurait préféré changer d’avion.

Vol sans histoire. Mais j’étais plus que crispée, tout le long. Gros gros soulagement, quand on s’est enfin posés à Kuala Lumpur…

La peur a ses raisons que la raison ne connaît pas

Je n’ai pas eu (trop) peur dans l’avion suivant, entre Kuala Lumpur et Paris. Je suis restée sur le qui-vive pendant toute la phase de décollage. J’ai fait semblant de dormir pendant les turbulences. Et un peu somnolé quand ça redevenait calme. Même pas de film à regarder pour penser à autre chose pendant les plus de 13 heures de vol : leur système de divertissement était en panne… (Bah ! Tant que les réacteurs et tout le reste fonctionnent, on ne va pas se plaindre !)

Je sais. Ça n’est pas rationnel, la peur en avion. Sur la compagnie indonésienne Lion Air, ils l’ont bien compris : il y a un fascicule de prières adaptées, pour toutes les confessions.

Allez, pas de quoi flipper : l’année 2010 aurait été la plus sûre de toute l’histoire de l’aviation, selon l’Iata, l’Association internationale du transport aérien. L’Amérique du Nord affiche un ration de 0,10 accident pour 1 million de vols, l’Europe un taux de 0,45, l’Asie du nord de 0,34, l’Asie-Pacifique de 0,80, l’Amérique du Sud de 1,87 et l’Afrique de 7,41.

Sinon, il y a tout un tas de sites sympathiques pour soigner (ou pas) sa trouille de l’avion :
Crash-Aerien.aero
Air-Valid.com
1001crash.com
PeurAvion.com
SkyTrax

(Dernier site ci-dessus ajouté sur les conseils de l’autre fille, celle qui a pris le même vol, sans incident, une semaine avant moi. Je la cite : “Le meilleur site sur les compagnies aériennes. En plus, ils ne parlent pas de crash.” 🙄 )

Curieusement, plus je prends l’avion, moins je suis rassurée. C’est le corps qui parle, l’instinct de survie, je ne sais pas… Il y a quelque chose de pas très naturel à voler, en fait.

Je vous laisse avec Anne Roumanoff, qui explique ça très bien !

😂

  Cambodge et Thaïlande - février 2011

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