Philippines : Visayas - février 2008
Ce qui est pratique, quand on voyage aux Philippines, c’est que tout le monde y parle anglais. PĂȘcheurs et paysans, villageois et citadins, enfants et adultes…
J’ai Ă©tĂ© frappĂ©e, tout au long de ce voyage, de la spontanĂ©itĂ© avec laquelle les gens venaient m’adresser la parole. Et surprise du bon niveau d’anglais de la plupart de mes interlocuteurs.
L’anglais, deuxiĂšme langue officielle aux Philippines
L’anglais est la deuxiĂšme langue officielle du pays, avec le tagalog (langue de la rĂ©gion de Manille) rebaptisĂ© filipino dans un souci d’unitĂ© nationale. L’anglais et le filipino permettent de se comprendre dans tout l’archipel, oĂč l’on parle plus de 70 autres langues… La plus reprĂ©sentĂ©e est le visayan, langue des Ăźles Visayas, oĂč je me trouvais.

Beaucoup de Philippins m’ont expliquĂ© la mĂȘme chose : les enfants apprennent l’anglais Ă l’Ă©cole, et les cours sont dispensĂ©s en anglais, d’oĂč ce bon niveau gĂ©nĂ©ral. Les Philippins en sont trĂšs fiers. Pour les candidats Ă l’expatriation, parler anglais, c’est aussi la possibilitĂ© de trouver plus facilement du travail.
L’anglais fait partie de la vie quotidienne. Les affiches aux murs, la signalisation routiĂšre, les documents administratifs, les messages Ă caractĂšre religieux, juridique ou publicitaire sont le plus souvent en anglais. Les Philippins utilisent l’anglais pour compter, surtout quand il est question d’argent. Il n’est pas rare dans une conversation d’entendre Ă©merger tout Ă coup, dans un flot de paroles non identifiables, un “one thousand pesos”.
Le voyageur occidental qui est dĂ©jĂ allĂ© en IndonĂ©sie ou en Malaisie, reconnaĂźt aussi le fameux “selamat” des formules de politesse. Le tagalog fait partie de la famille des langues malayo-polynĂ©siennes, et les navires marchands arabes et chinois des siĂšcles passĂ©s ont eux aussi laissĂ© leur empreinte linguistique.
Colonisation espagnole
Et puis il y a tout le vocabulaire hĂ©ritĂ© des trois siĂšcles de colonisation espagnole : le beurre, c’est mantikilya, par exemple. J’ai mĂȘme entendu une fois une fille dĂ©crocher son tĂ©lĂ©phone en disant “como estas” Ă son interlocuteur…


Ă l’aĂ©roport de Cebu, en attendant l’heure de mon vol retour pour la France, j’ai bavardĂ© avec une dame du personnel au sol, ancienne hĂŽtesse de l’air, au bar faisant face aux comptoirs d’enregistrement.
Elle parle Ă©videmment un anglais impeccable et elle dĂ©tecte tout de suite mon petit accent frenchy quand je passe commande. On Ă©change quelques mots, on sympathise… J’en profite pour aborder la question de la langue. Je lui dis que ça m’amuse d’identifier des mots d’espagnol dans le filipino, et que l’anglais est un vrai confort pour voyager aux Philippines.
Elle me refait alors un petit cours d’histoire express, m’expliquant que l’anglais s’est rĂ©pandu avec la prĂ©sence des AmĂ©ricains (un demi-siĂšcle de colonisation, depuis la guerre hispano-amĂ©ricaine de 1898) et a perdurĂ© ensuite aprĂšs la Seconde Guerre mondiale et l’indĂ©pendance du pays. Que l’espagnol Ă©tait encore pratiquĂ©, il n’y a pas si longtemps, dans les grandes familles des classes aisĂ©es, mais que seules les personnes ĂągĂ©es le parlent encore un peu aujourd’hui. Et que le niveau d’anglais gĂ©nĂ©ral aux Philippines est en train de baisser, parce que les profs prĂ©fĂšrent aller dans les Ă©coles privĂ©es oĂč ils sont mieux payĂ©s.
La langue participe au dépaysement
Pour une touriste de passage comme moi, pouvoir se faire comprendre des gens et discuter avec eux en anglais est indiscutablement un plus. Mais cette “facilitĂ©” a son revers.
Comment dire…. Ăa ĂŽte un peu du mystĂšre. Le dĂ©paysement est moins complet. Et je n’ai mĂȘme pas fait l’effort d’apprendre deux-trois mots en tagalog ou visayan, vu que tout le monde me saluait et m’abordait en anglais. C’est dommage, non ?


Je me suis promis de revenir. De prendre le temps de mieux découvrir le pays, de retourner en explorer les fabuleux fonds sous-marins. La prochaine fois, je me mettrai plus sérieusement à la langue.
Ne serait-ce qu’apprendre les phrases basiques, pour me prĂ©senter comme il convient, quand arrive l’inĂ©vitable litanie de questions, toujours les mĂȘmes. D’oĂč je viens, oĂč je vais, et si c’est la premiĂšre fois dans le pays, et combien de temps je reste, et si je voyage seule, etc. etc. Questions qui sont autant de la curiositĂ© que de la politesse…
Mais ça crĂ©e une relation un peu diffĂ©rente, souvent plus chaleureuse, quand on est capable d’y rĂ©pondre dans une autre langue que l’anglais!