Philippines : Visayas - février 2008
Aux Philippines, le dimanche est souvent le jour des combats de coqs. Neal, notre guide de plongée à Siquijor, et Raul, qui gère le Kiwi Resort, nous ont proposé d’aller voir ces sanglants duels aviaires, à l’arène des coqs de combat la plus proche, la cockpit arena du village d’Enrique Villanueva.
Cockpit arena, l’arène des coqs de combat
Marika, Shareef et moi avons volontiers accepté cette inédite sortie du dimanche. À la cockpit arena du village, les combats se succèdent tout l’après-midi. Entrée : 10 pesos.
Dans le petit chemin de terre qui conduit à l’arène, des motos en pagaille sont déjà stationnées. C’est dire si le spectacle est populaire…

Enfin, “spectacle”, c’est une façon de parler. Ce n’est évidemment pas un endroit fréquenté par les âmes sensibles ni les amis des animaux. Les gens viennent surtout ici pour parier et/ou faire combattre leurs coqs de combat. Certains misent des sommes énormes et comme dans tous les jeux de hasard et d’argent, on peut y laisser des plumes (c’est le cas de le dire)…
Des centaines de gars sont là, autour d’une petite arène carrée, entourée de barreaux de bois. Peu de femmes, le public est très majoritairement masculin.
Les gens s’agglutinent tout autour de la barrière et ça s’excite à grands cris au moment des paris et des combats. Un type harangue la foule au micro. Chacun donne de la voix et on voit passer des billets froissés d’une main à l’autre.



Une lame tranchante comme un rasoir
Le combat en lui-même est très bref. Chaque coq a, fixée à la patte, une longue lame recourbée et pointue, comme un petit sabre. On la devine tranchante comme un rasoir et soigneusement affutée pour l’occasion.
Les deux coqs sont présentés l’un à l’autre, tenus à bout de bras ou par les plumes de la queue par leur propriétaire respectif. Il s’agit d’exciter un peu les bestioles en les approchant bec contre bec. Elles sont lâchées pour de bon dans l’arène quand le montant des paris est équilibré de part et d’autre.
Après, ça va très vite. Un tourbillon de plumes, tout le monde crie et s’agite derrière les barreaux de bois. En quelques minutes, c’est fini.


L’une des deux bestioles reste vautrée dans le sable. Ça saigne. Si jamais le coq à terre bouge encore, on le soulève et on le remet face a l’autre, histoire de voir s’il est encore un peu combattif. Si l’animal adverse repique l’autre encore trois fois, on considère qu’il a gagné, si j’ai bien compris les explications de Neal.
La plupart du temps, le coq à terre est déjà mort. On le ramasse pour faire place au combat suivant. Un gars passe derrière avec sa balayette et sa pelle pour ramasser les plumes et le sang. L’air est un peu poisseux à l’intérieur de l’arène.
MISE À JOUR (13 mai 2008). J’ai mis en ligne la vidéo que j’ai montée après coup ici → Combats de coqs aux Philippines : la vidéo… Je vous la remets ci-dessous :
Mise à jour, janvier 2018 : désolée pour la piètre qualité de ces images, tournées en 2008 avec un modeste appareil photo compact, doté d’un mode vidéo à seulement 480 ou 640 pixels, je ne sais plus, à une époque où la 4K n’existait pas encore et où l’iPhone 3G allait devenir le nouveau bijou technologique à la mode…
De précieux coqs de combat
Dans la cour en terre battue devant, des hommes de tous âges vont et viennent, portant leur précieux gallinacé dans le creux des bras : on s’accroupit dans un coin pour examiner les plus beaux coqs de combat, pour faire la causette avec un voisin, pour nouer soigneusement autour de la patte la lanière qui sert à fixer la lame…

Peu de sourires, ici. On n’est pas là pour rigoler. Ça prend trois ans à élever, un coq de combat. Avec régime spécial et tout et tout, comme pour les sportifs. Les poussins sont triés dès la naissance. Il y a des fermes spécialisées dans cet élevage-là.
Le jour du duel, certains propriétaires ajoutent de l’alcool à la mixture qui sert à nourrir le coq, histoire qu’il soit bien agressif.
Bref, nous avons assisté a quatre-cinq combats en tout, puis on a traîné un peu dans la cour au milieu des coqs et des gens serrant des coqs sur leur cœur, puis encore à la sortie devant les marchands de poissons guettant le client qui a misé sur le bon coq…


Le soir, Neal s’est mis aux fourneaux pour nous mitonner… un poulet ! Un hommage indirect à tous ces coqs de combat passés de vie à trépas dans l’après-midi. 😉 (Humour de basse-cour…)
Trop bon son poulet, mijoté dans une espèce de ragoût épicé, à la philippine ! On s’est régalés.
En tout cas, cette débauche sanglante de volaille dans l’arène ne nous aura finalement pas coupé l’appétit. Ce dîner du dimanche soir, c’était aussi une manière de repas d’adieu pour moi avant mon départ. Bien agréable conclusion de mon petit séjour à Siquijor.