Retour à Island Retreat. (Togian Islands, Sulawesi, Indonésie, juillet 2008.)
Retour à Island Retreat. (Togian Islands, Sulawesi, Indonésie, juillet 2008.)

Tremblement de terre sous l’eau

  Indonésie : Sulawesi - juillet 2007

C’est l’une des plongées les plus étranges que j’ai faites. Sentir la terre trembler… sous l’eau, c’est vraiment un drôle de truc. C’était en Indonésie, à Sulawesi, en juillet 2007. Dans les îles Togian, exactement.

Togian, un petit paradis loin de tout

J’ai passé une semaine entière là-bas, sur une plage minuscule de l’île de Batu Daka, près du village de Bomba, loin de tout. À savourer le plaisir de ne rien faire. À contempler la mer, à me promener, à plonger.

Les bungalows du resort Island Retreat, aux îles Togian. (Sulawesi, Indonésie, juillet 2008.)
Les bungalows du resort Island Retreat, aux îles Togian. (Sulawesi, Indonésie, juillet 2008.)

C’est un endroit incroyable, un paradis tropical miniature, superbe. Je loge à Island Retreat, une poignée de bungalows en bois, tout simples, face à l’eau azur.

Ce matin-là, Uwe, l’instructeur allemand qui organise les plongées, nous emmène sur un site pas trop éloigné, Bulu Tuko. Mes amis hollandais Suzanna et Johan plongent avec moi. Leurs enfants nous accompagnent, mais resteront sur le bateau à faire du snorkeling. Fabian et Stefanie, un jeune couple d’Allemands très sympas, qui scotchent sur l’île depuis quinze jours, complètent la palanquée.

Pour la traversée, on entasse le matériel de plongée entre nous, au milieu du bateau... (Sulawesi, Indonésie, juillet 2008.)
Pour la traversée, on entasse le matériel de plongée entre nous, au milieu du bateau… (Sulawesi, Indonésie, juillet 2008.)

On s’entasse gaiement sur le bateau. Pas vraiment conçu pour la plongée, il sert aussi à faire les courses et les longues traversées jusqu’à Ampana, sur Sulawesi. Il fait beau, la mer n’est pas trop agitée, on arrive assez vite au site. Aucun autre bateau à l’horizon.

Sous l’eau

C’est un beau tombant. Le corail a un peu souffert, ça se voit (le réchauffement de l’eau, la dynamite), mais il est en cours de reformation. De belles éponges tubulaires se dressent çà et là. Il y a de nombreuses grottes et niches pas trop profondes, dans les 12-14 mètres, à explorer.

Nous évoluons tranquillement. Uwe est devant avec Suzanna et Johan, Fabian et Stefanie sont derrière moi. La faune tropicale habituelle est là. Jolis cortèges de poissons-anges et papillons, beaucoup de petits poissons bicolores jaune et mauve, royal dottybacks en anglais, des nudibranches, des crevettes d’anémone, des bénitiers… Je fais quelques images.

Nudibranche

Et puis, à mi-plongée (cela fait près de 30 minutes que nous sommes dans l’eau), un grondement sourd envahit tout. Le son est impressionnant, un peu effrayant. Ça dure quelques secondes.

Sous l’eau, on ne peut jamais savoir de quelle direction vient un son. Les ondes ne se diffusent pas comme dans l’air. Ce grondement semble venu de nulle part. On lève la tête vers la surface, on se retourne, on se regarde les uns les autres, en écarquillant des yeux étonnés derrière nos masques. Ça ressemble au moteur d’un bateau qui viendrait de se mettre en route au-dessus de nos têtes.

Mais il n’y a rien. Notre bateau est resté à l’amarre. Il n’y en a pas d’autre dans le coin. Tout semble normal. Uwe hausse les épaules, vérifie notre conso d’air, et on termine la plongée tranquillement.

Retour à Island Retreat

Au retour à la surface, on reste perplexes. Les gars du bateau et les enfants n’ont rien remarqué de particulier.

Retour à Island Retreat. (Togian Islands, Sulawesi, Indonésie, juillet 2008.)
Retour à Island Retreat. (Togian Islands, Sulawesi, Indonésie, juillet 2008.)

Ce n’est qu’une fois rentrés sur l’île que nous aurons l’explication. La terre a tremblé. Une petite secousse, comme il s’en produit régulièrement, ici.

Quelques jours plus tôt, déjà, sur la plage du lac Poso, je m’étais réveillée au milieu de la nuit, avec la sensation étrange que mon bungalow, en dur, pourtant, avait vibré. Le lendemain, notre guide Ynus m’a confirmé que je n’avais pas rêvé. Lui aussi a perçu ce léger tremblement de terre nocturne.

À Island Retreat, d’autres clients nous confirment l’heure. Ça correspond au moment où on était sous l’eau. Tous ont bien senti le sol frémir, certains disent que même les piliers et toitures des bungalows ont un peu bougé.

L’archipel indonésien est sur la “ceinture de feu” du Pacifique. L’île de Batu Daka n’est qu’à une trentaine de kilomètres de celle d’Una-Una et de son volcan, toujours actif, le Gunung Colo. La terre est vivante aux Togian.

Ce jour-là, il ne s’agissait que d’une légère secousse, sans conséquence. Mais jamais je n’aurais imaginé sentir le souffle de la terre sous l’eau!

😮

  Indonésie : Sulawesi - juillet 2007

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  1. Ton récit est assez flippant.
    C’est toujours différent de ressentir les perturbations météorologiques sous l’eau.
    J’ai une très belle expérience avec un orage et des éclairs, c’était une plongée magnifique.
    Là, un tremblement de terre, c’est différent.

  2. En fait, le plus flippant, c’était juste sur le moment, de ne pas arriver à déterminer la cause de ce bruit étrange, tout en sentant son petit cœur se mettre à cogner soudain très fort et très vite…

    Mais on n’était pas trop profond et personne n’a paniqué. On a donc continué en se posant des questions, mais sans trop d’inquiétude quand même. Ça n’a pas du tout affecté les conditions de plongée, qui étaient paisibles et faciles, et qui le sont restées. Après tout, oui, ça aurait pu être un bateau qu’on n’aurait pas vu.

    Au retour, rétrospectivement, on est à la fois soulagé d’avoir une explication rationnelle et un peu effrayé par ladite explication.

    Je n’ai jamais plongé sous les éclairs. Ce doit être une drôle d’expérience. Sûrement belle, mais autrement plus flippante, non?
    😯

  3. Je crois que dans un tel cas, je me serais demandé si je ne faisais pas une narcose !
    Enfin, la puissance des éléments, c’est toujours flippant !

  4. @ Marie-Net:
    On était déjà de retour dans la zone des 18 mètres, donc l’éventualité d’une narcose était très improbable, heureusement. Une chose est sûre, on est bien peu de chose face à la nature, qu’il s’agisse de phénomène telluriques ou de tempêtes…
    😕

    @ Hélène:
    Et tu penses bien, qu’entre plongeurs, on se les est ensuite re-racontées, toutes ces histoires qui ont tant circulé! Mais bon, on ne va quand même pas comparer ce curieux événement sans conséquence avec la vague meurtrière de si triste mémoire.
    🙁

  5. C’est vrai que depuis le tsunami, le bouton «panique» s’enclenche plus facilement… J’ai déjà vécu un tremblement de terre dans le tunnel me conduisant à une station de métro, à Taipei. Sensation vraiment étrange d’avoir l’impression que le sol se transforme… en vagues! Heureusement, ce fut assez bref.

  6. Bonjour Titbulle,

    Heureusement que personne ne dégoupillait quelques grenades lointaines dans ce coin-là ! Comme les sons se propagent 5 fois plus vite que dans l’air, les pêcheurs auraient déjà filé avec leurs poissons assommés… Car, pour dire vrai, ils auraient laissé les plongeurs abasourdis sur le ventre.

    Cela dit, entendre les effets d’un tremblement de terre est une expérience qu’on n’oublie pas, un peu comme le silence du vol d’un escadron de raies mantas.

    Diable, je n’ai pas plongé en juin/juillet 2008. La dernière était en décembre 2007 à… Sulawesi. Je lirai tes prochains voyages pour m’enivrer d’un p’tit coin de paradis en Asie du Sud-Est, hors et sous l’eau.

  7. Oui, on a songé aussi, un moment, à la pêche à la dynamite. Sauf qu’elle n’a en principe plus cours dans le coin… Ma foi, je crois que j’aurais préféré assister au vol silencieux de raies mantas.
    🙄

    Les prochaines plongées en ce qui me concerne seront normalement pour fin février – début mars. Je vais m’offrir le luxe d’un retour en Thaïlande et très certainement d’une nouvelle incursion du côté des Similan. C’est là, à Richelieu Rock, que j’ai vu pour la première fois de ma vie (c’était en 2006) des mantas… Je compte ensuite filer encore plus au sud, du côté de Koh Tarutao. Mais je reviendrai en parler.
    😉

  8. Je ne connais pas encore la Thaïlande 😥 et je ne peux pas te mettre une photo de Nike, le chef d’escadron des raies mantas de Bali sur ce message 🙁

    Mais j’attends tes articles (bientôt ?) sur ton prochain voyage qui pourraient me donner des idées d’évasion (définitive ?) 8)

    • Ajout du 5 octobre, par Corinne •
    « Je rajoute dans ton commentaire la photo de Nike la manta, que tu m’as envoyée. Superbe, merci orion56 ! »

    Nike, la raie manta - par Orion56

  9. @ orion56:

    Envoie-moi la photo de ta manta en chef par email, je l’insérerai dans ton commentaire:

    corinne@petitesbullesdailleurs.fr

    Quant à la Thaïlande, j’y suis allée souvent en vacances. De tous les pays où j’ai traîné mes tongs en Asie, je crois que c’est vraiment ma destination préférée. J’ai toujours grand plaisir à y retourner.

    Pour ce qui est des évasions “définitives”, je crois que ça devient difficile pour les étrangers de s’installer là-bas, car la Thaïlande a renforcé ses lois sur l’immigration. Au-delà de 90 jours, il faut désormais des permis spéciaux et un contrat de travail. Fini les “visas run” d’antan. Mais une nouvelle carte “voyageur fréquent” vient d’être mise en place:
    http://www.thailande-fr.com/2008/10/03/480-bangkok-va-creer-une-carte-de-voyageur-frequent

    8)

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