Indonésie : Bali - juillet 2008
À Bali, il suffit de remonter Legian Street, à Kuta, pour tomber sur le monument aux morts des attentats du 12 octobre 2002. Les deux bombes qui ont explosé ce soir-là au bar Paddy’s et à la discothèque Sari Club ont tué 202 personnes. Aujourd’hui, on voit des gens se faire prendre en photo devant la liste des victimes. Drôle d’idée…
Tous ceux que j’ai vus ainsi prendre la pose, au pied du monument, étaient des Asiatiques. Des touristes, sans doute.

À Paris, on connaît bien les groupes de touristes japonais ou chinois, avec leurs appareils autour du cou. Ça fait cliché, mais c’est un peu vrai: les touristes asiatiques adorent prendre des photos.
D’ordinaire, cette manie de toujours vouloir tout photographier m’amuse beaucoup. En tant qu’Occidentale, il m’arrive même souvent, dans des lieux touristiques en Asie, d’être sollicitée pour la photo-souvenir: on me demande de prendre la pose, avec quelqu’un ou avec un groupe, tant je suis “exotique” en ces contrées. Les plus drôles, ce sont les jeunes, les garçons comme les filles, qui viennent demander la permission de me photographier avec leur téléphone portable…
Mais là, devant le monument aux morts, ça m’a un peu hallucinée, le rituel de la photo-souvenir. Comment dire… même six ans après, c’est limite macabre.
L’auteur des attentats de 2002 est un commando de la Jemaah Islamiyah, groupe islamiste asiatique. L’Australie a payé le plus lourd tribut, avec 88 victimes. Parmi les morts, dont les noms sont gravés en lettres d’or sur le marbre noir, 38 Indonésiens, 22 Britanniques, 7 Américains et 4 Français. Le 1er octobre 2005, de nouveaux attentats ont touché des lieux touristiques de Bali, faisant 22 morts à Kuta et Jimbaran.
Trente-trois personnes ont été jugées et condamnées pour les attentats de Bali de 2002. Trois islamistes indonésiens, condamnés à la peine capitale dès 2003, doivent être exécutés prochainement. Peut-être avant le Ramadan, en septembre.
L’association Ensemble contre la peine de mort (ECPM) nous rappelle, dans un communiqué du 18 juillet 2008, l’appel lancé par le père d’un jeune Australien tué dans ces attentats : il demande à ce que la condamnation à mort des trois hommes soit commuée en réclusion à perpétuité.