Indonésie : Bali - juillet 2008
Je vous ramène à Bali, en Indonésie. À Amed, exactement, sur la côte nord-est de l’île. Malgré le développement touristique de la région, il reste encore ici des paludiers ou sauniers.
La récolte du sel
Je ne pouvais pas séjourner à Amed, lors de ce voyage à Bali (juillet 2008), sans aller voir de plus près le travail des paludiers. C’est l’activité traditionnelle de la région.
Sous le soleil brûlant, ils récoltent le sel marin. On peut observer leur dur labeur sur les plages à l’entrée du bourg, au pied de l’imposant volcan Agung.


Un travail de forçat, en plein cagnard, sur le sable noir volcanique. L’eau de mer est puisée à dos d’homme, répandue sur de grands carrés de sable.
Après évaporation, ce sable est ramassé puis filtré dans de grands entonnoirs de bambou tressé.
L’eau saumâtre est recueillie dans des troncs de cocotiers évidés et mise à nouveau à évaporer. Au fond des troncs, on voit se former les cristaux de sel.
Un poignée de garam
Le sel se dit garam en indonésien. Quand j’arrive sur la plage, les gamins du coin me repèrent et m’entourent. Ils veulent tous me vendre de petits paniers-souvenirs, contenant une poignée de garam.
Je résiste. Et puis je finis par craquer et filer quelques milliers de roupies à une fillette, un peu plus âgée que les autres, avec qui je parviens à échanger quelques mots en bahasa indonesia, la langue indonésienne.
Je lui demande son âge. Elle a 12 ans. Elle tremble de tous ses membres en me tendant son petit panier de sel. La peur, l’émotion ? Très timide, elle ose à peine croiser mon regard.
Les autres sont jaloux. Quand je m’éloigne, elle finit par me lancer un beau sourire chaleureux et me fait même un petit signe de la main quand je repars sur mon scooter.
Je file un peu plus loin, sur une autre portion de plage, pour faire des photos plus tranquillement. Là, seulement deux mômes, qui m’escortent avec curiosité. Mais sans plus insister quand ils comprennent que je n’achèterai pas de sel.

Deux chiens hostiles ne cessent d’aboyer quand je cadre les troncs de cocotiers que deux hommes sont en train d’évider. Le regard narquois, les deux Balinais acceptent malgré tout gentiment que je les prenne en photo.
Mais je me sens un peu intruse, un peu “déplacée”. Pas un poil d’ombre sur ce sable gris-noir volcanique. Il fait une chaleur terrible.
Quel avenir pour les paludiers d’Amed ?
Il y a de moins en moins de paludiers à Amed. Le travail est dur, peu rentable. Ceux qui récoltent le garam sont rares à posséder la terre sur laquelle ils travaillent. Et les propriétaires préfèrent revendre aux constructeurs immobiliers des groupes hôteliers.

Les parents de Sana, le jeune gars qui m’a servi de guide dans l’arrière-pays, travaillaient comme paludiers avant, m’a-t-il dit. Ils ont arrêté et cultivent maintenant un lopin de terre, non loin des plages.
Dans quelques années, y aura-t-il encore des paludiers à Amed ? Les jeunes gens du coin n’ont aucune envie de s’échiner comme leurs parents sur le sable brûlant, pour gagner une misère.
Tous ceux à qui j’ai posé la question veulent étudier les langues, bosser dans des hôtels… Le tourisme, c’est un peu la poule aux œufs d’or, ici, à Bali.
Mise à jour (17 décembre 2020). Arte a diffusé un reportage de 14 minutes sur la récolte du sel à Bali, intitulé Les saveurs coco-salées de Bali, réalisé par Fabien Berquez. Je vous insère le lecteur vidéo ci-dessous :