Pose photo devant les cratères du Kelimutu. (Flores, Indonésie, juillet 2011)
Pose photo devant les cratères du Kelimutu. (Flores, Indonésie, juillet 2011)

Kelimutu, le volcan aux esprits

  Indonésie : Flores + Komodo + Bali - juillet 2011

“Et il faut marcher longtemps, pour voir le Kelimutu ?” “Non, 10-15 minutes maximum.” Je me méfie des minutes indonésiennes, souvent élastiques. Mais Matheus Misir, mon chauffeur-guide à Flores, dit vrai. Le spectaculaire volcan Kelimutu, avec ses trois cratères, qui forment des vasques géantes pour trois lacs aux couleurs étranges, est une balade facile.

Parfait ! Je suis plongeuse, moi, pas trekkeuse…

La « route-serpent » de Flores

En fait, l’essentiel du trajet se fait en voiture. Le Kelimutu est grosso-modo à une demi-heure de route du petit village de Moni, où nous avons passé la nuit. Une petite route en lacets qui grimpe, qui grimpe…

De toute manière, où qu’on aille à Flores, la route est en permanence une « snake-road », comme dit mon chauffeur. Une « route-serpent » qui déroule de fabuleux paysages de rizières et reliefs volcaniques à chaque virage. Parfois vertigineux, toujours splendides…

La route à Flores. Indonésie, juillet 2011.
La route à Flores. Indonésie, juillet 2011.
Rizières, Flores. Indonésie, juillet 2011.
Rizières, Flores. Indonésie, juillet 2011.
Rizières, Flores. Indonésie, juillet 2011.

Je n’aurais pas fait ce périple en bemo, ces mini-bus locaux surchargés en marchandises et passagers… Tout le long de cette traversée d’est en ouest, de Maumere à Labuan Bajo, j’ai apprécié le confort de ma voiture privée : amortisseurs en bon état et air conditionné. Ça n’est pas du luxe, sur ce serpent d’asphalte en travaux perpétuels. Et puis, je peux demander à Misir de faire halte quand je veux, pour prendre des photos.

J’apprécie aussi beaucoup sa prudence au volant. Dès le départ, il me demande gentiment si ça va comme ça, si sa conduite me convient.

Oui, oui, « bagus », c’est bien. Vu les obstacles inopinés sur la route – volailles, vaches, enfants, rochers, motos, bemos en panne, nids de poule – je trouve ça nickel qu’il conduise tranquillement, tout doux, « pelan-pelan ».

Avec Misir, je vais pratiquer mon bahasa indonesia quatre jours durant !

Mon chauffeur Misir papote avec un petit garçon. Flores, Indonésie, juillet 2011.
Mon chauffeur Misir papote avec un petit garçon. Flores, Indonésie, juillet 2011.

Pendant qu’on grimpe vers le Kelimutu, virage après virage, je surveille les lambeaux de nuages encore accrochés au sommet. Le soleil vient de se lever.

Le Kelimutu, c’est beau, à condition de ne pas se retrouver dans le brouillard. Le sommet culmine à 1 639 mètres. Quand le volcan est dans les nuages, tout est gris, il n’y a rien à voir ! Mais on a de la chance. Aujourd’hui, à l’heure où nous arrivons, c’est le grand bleu au-dessus de nos têtes. Les écharpes de brume se déchirent peu à peu.

Quelques virages plus tard, on aperçoit une petite dame qui nous fait signe sur le bas-côté, engoncée dans une grosse veste – c’est qu’il fait frais, dans les hauteurs. Elle demande si on peut la monter jusqu’au parc du Kelimutu. Je fais signe que oui : « Tidak apa apa », pas de problème. Misir est content, il peut papoter en indonésien avec notre auto-stoppeuse.

Elle a déposé un gros balluchon à côté d’elle sur la banquette arrière. Des ikats, soigneusement pliés et empilés, qu’elle va tenter de vendre aux touristes sur le parking du parc.

Kelimutu National Park

Quelques minutes indonésiennes plus tard, on y est. Billet d’entrée acheté au guichet, voiture garée sur le parking. Quoi ? 50 000 roupies de plus pour l’appareil-photo ? Mince, j’aurais mieux fait de cacher mon 7D…

Kelimutu, Flores, Indonésie. Juillet 2011.
Kelimutu, Flores, Indonésie. Juillet 2011.

Misir m’accompagne jusqu’au premier lac. Il avait raison, c’est facile : un chemin pourvu de marches, montant en pente douce. Ensuite terrain plat, par une allée ombragée, qui mène, sur la droite, au premier point de vue sur les cratères du Kelimutu.

Wahou !

Kelimutu, Flores, Indonésie. Juillet 2011.
Kelimutu, Flores, Indonésie. Juillet 2011.

J’ai le soleil en face, pas génial pour les photos, mais peu importe… J’ouvre grand les yeux, ça vaut toutes les photos du monde. Un mince rempart de pierre dentelée sépare les deux lacs.

Le lac de droite, sur les images ci-dessus, s’appelle Ata Polo. Il peut prendre une couleur rouge-brun. Pour l’heure, il est plutôt bleu-vert sombre.

Celui de gauche (que je découvrirai mieux après, en prenant de la hauteur), c’est le lac Nuamuri Ko’ofai. Quand j’arrive, le soleil ne l’éclaire pas encore. En pleine lumière, il vire au vert acide, presque fluo.

L’endroit est populaire. Les gens du coin aussi viennent ici en excursion. On me salue gentiment : « Hello ! » Je réponds : « Pagi ! » Et même, j’ajoute : « Saya orang perancis », parce que tout le monde veut savoir d’où je viens… Succès garanti.

Kelimutu, Flores, Indonésie. Juillet 2011.

Mais oui, mais oui, monsieur, je parle le bahasa indonesia ! Enfin juste un peu, « setikit », et je suis désolée, mais je ne vais pas rester là à vous faire la conversation, à vous raconter ma vie, à vous dire si je voyage seule ou en groupe, si je suis mariée ou pas, ni combien j’ai d’enfants, parce que y’a le lac vert et le lac noir qui m’attendent, là-haut, voyez-vous, alors au revoir et à bientôt peut-être…

Pas moyen d’admirer tranquillement la vue en silence, dans ce pays…

😄

Les lacs aux esprits

Après, pour vraiment profiter du spectacle, il faut grimper jusqu’au bien nommé Inspiration Point. Une éminence, tout en haut d’un escalier, qui permet d’embrasser du regard les trois cratères.

Touristes au Kelimutu. Flores, Indonésie. Juillet 2011.
Inspiration Point. Touristes au Kelimutu. Flores, Indonésie. Juillet 2011.

Là, Misir me laisse monter toute seule. Il préfère retourner sur le parking, faire la causette avec ses collègues. J’attaque l’ascension, enthousiaste. Marche après marche, le panorama devient plus grandiose encore.

Et quand j’arrive tout en haut… Wahou ! Wahou !

Kelimutu, Flores, Indonésie. Juillet 2011.

J’ai bien fait de ne pas venir trop tôt. Beaucoup de touristes déboulent ici peu avant 6 h du matin, pour le lever du soleil. Sauf qu’à cette heure-là, il y a de la brume partout et les lacs sont encore plongés dans l’ombre.

Ça a sûrement son charme aussi, les lambeaux de brume au-dessus des cratères, mais je me dis que ce n’est pas un mauvais choix d’arriver un peu plus tard en début de matinée… La surface du lac vert gorgé de souffre s’illumine au fur et à mesure que le soleil monte dans le ciel. Sa couleur, d’un vert turquoise intense, semble presque surnaturelle.

De l’autre côté d’Inspiration Point, il y a le troisième lac, le lac noir, Ata Mbupu. Là encore, j’ai de la chance. Il est souvent planqué sous un amas de nuages opaques. Mais ceux-ci s’effilochent progressivement sous mes yeux. On finit par voir la falaise blanchâtre du cratère frangé de verdure se refléter dans l’encre de l’eau. Étonnant.

Kelimutu, Flores, Indonésie. Juillet 2011.
Kelimutu, Flores, Indonésie. Juillet 2011.
Kelimutu, Flores, Indonésie. Juillet 2011.

Le lieu est sacré, pour les gens de la région. Les trois lacs sont peuplés d’esprits. Il y a un lac où vont les esprits des jeunes gens, un autre pour celui des personnes âgées, et le troisième lac, maléfique ou magique, accueillerait les mauvais esprits (pour ce que j’ai compris des explications qui m’ont été données).

Je me retourne, pour surveiller l’évolution du lac vert acide. Le soleil est plus haut dans le ciel. La couleur de l’eau est encore plus violente qu’avant. Je refais quelques images, en surveillant du coin de l’œil les nuages que je vois poindre à l’horizon.

Kelimutu, Flores, Indonésie. Juillet 2011.

C’est vraiment celui-là le plus beau. Le lac qui accueille les esprits des jeunes gens, si je ne me trompe pas.

Et, en bonne touriste, je sacrifie au rituel de la photo-souvenir devant le cratère, avant de repartir…

Kelimutu, Flores, Indonésie. Juillet 2011.

Magique, cette petite excursion au Kelimutu… Vraiment. J’affiche un sourire béat en remontant dans la voiture. “Saya senang !” j’affirme à Misir, qui sourit avec indulgence de mes efforts pour parler sa langue.

Pour en savoir plus sur cet étrange volcan, quelques explications au bout de ces deux liens :
→ Wikipédia : Volcan Kelimutu
→ Activolcans : Kelimutu

😎

  Indonésie : Flores + Komodo + Bali - juillet 2011

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