Indonésie : Triton Bay - mars 2016
Ces minuscules chevaux de mer sont a-do-ra-bles !!! Mais ce sont de grands timides, qui ont horreur d’être pris en photo…
Mini, mini, mini…
Triton Bay, en Indonésie, où j’ai séjourné en mars 2016, mériterait d’être renommée “la baie des hippocampes pygmées”. Je crois bien n’avoir jamais vu une telle concentration de mini-chevaux de mer de toute ma vie de plongeuse.

Les photographier est vraiment un défi, à cause de leur taille minuscule. Rendez-vous compte : les hippocampes de l’image ci-dessus sont à peu près grands comme l’ongle de mon petit doigt !
Du coup, pour les observer, certains plongeurs se munissent d’une loupe. Et les photographes subaquatiques comme moi leur tirent le portrait grâce à un objectif macro, qui permet de capturer des sujets minuscules dans les moindres détails.
Les repérer lors d’une plongée n’est donc vraiment pas facile. On les trouve le plus souvent dans d’immenses “buissons” coralliens en forme d’éventail, les gorgones. Pour les dénicher, c’est un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin…

Alors chaque fois que je choisis de mettre l’objectif macro sur mon Canon Eos 7D, mes deux guides indonésiens Andi et Edi, du resort Triton Bay Divers, inspectent soigneusement les gorgones et coraux alentour.
Mais c’est un jeu de patience, une quête délicate, pas toujours couronnée de succès. Je suis toujours très impressionnée quand l’un ou l’autre de mes précieux guides parvient à dénicher ces mini-chevaux de mer, rois du camouflage, au milieu des branches d’une immense gorgone…
À Triton Bay, je suis gâtée. Je découvre, au fil des jours, qu’on trouve ici, en abondance, les trois espèces les plus connues et les plus convoitées par les plongeurs : les hippocampes bargibanti, denise et pontohi (je vous les présente plus bas).
Il y a donc à la fois de la variété et de la profusion, sur une même zone. C’est rare. Vraiment, cette baie d’Indonésie, située en Papouasie occidentale, au sud de Raja Ampat, confirme son statut de “point chaud” de la biodiversité. J’en parlais dans ce premier post :
→ Plonger sous les cocotiers de Triton Bay
Bargibanti
Voici donc l’hippocampe pygmée bargibanti (Hippocampus bargibanti, aussi nommé hippocampe pygmée des gorgones). Il a le plus souvent des petites bosses de couleur rose-mauve ou jaune-orangé.

Les bosses du bargibanti lui servent de camouflage et lui permettent de se confondre avec les branches des gorgones de même couleur, elles aussi bosselées quand leurs polypes sont refermés. Dans sa version rose-mauve, c’est l’hippocampe pygmée le plus répandu, celui que j’ai en tout cas le plus souvent photographié lors de mes plongées dans la zone Indo-Pacifique. J’ai aussi découvert à Triton Bay une variante à bosses rouges et corps blanc : ce type d’hippocampe, particulièrement rare, est surnommé “Père Noël” par mes guides, qui sont surexcités s’ils en trouvent un !
Denise
L’hippocampe pygmée denise (Hippocampus denise, également nommé hippocampe pygmée jaune ou hippocampe pygmée de Denise) est plus grêle d’apparence. Il est doté lui aussi de petites protubérances, moins nombreuses, et sa couleur varie aussi en fonction de son environnement, du jaune-brun au rose pâle.

Il est pareillement très doué passer inaperçu ou presque dans les branches de gorgones qu’il habite. Moins commun que le bargibanti, il est très convoité par les photographes sous-marins.
Pontohi
Enfin, il y a l’insaisissable et délicat pontohi (Hippocampus pontohi, nommé aussi hippocampe pygmée de Pontoh). Une rareté aussi difficile à repérer qu’à photographier.

Son corps blanc orné de motifs rouges et jaunes lui permet là encore de jouer à cache-cache au milieu des “brindilles” de corail et feuilles d’algues où il aime s’abriter, sur les murs ou tombants sous-marins… Et j’ai même une fois aperçu son cousin le servensi, moins flamboyant, à la robe brunâtre.
Orgie d’hippocampes
Ces petits chevaux de mer gracieux n’aiment pas – mais alors pas du tout – les photos. Ce sont de grands timides qui ont horreur d’être sous le feu des projecteurs. La queue enroulée sur leur branche, dès qu’ils s’aperçoivent qu’on s’intéresse à eux d’un peu trop près, ils préfèrent pivoter doucement… et tourner obstinément le dos à l’objectif ! C’en est parfois exaspérant.
Il faut donc du temps, parfois beaucoup de temps, pour parvenir à en photographier un de face ou de profil. Le plus agaçant, c’est quand il décide de changer de branche. Cela prend alors encore un temps fou pour le retrouver ! L’aide d’un guide aux yeux de lynx est indispensable…
Heureusement, j’ai passé une dizaine de jours à Triton Bay, à plonger trois fois par jour. De quoi me livrer, patiemment, à une orgie photographique d’hippocampes pygmées… Leur beauté délicate n’en finit pas de m’émerveiller.

🙃