Malaisie : péninsule et Bornéo - juillet 2006
Le train qui n’arrive jamais a donc fini par arriver, les chauffeurs de taxis se sont précipités sur la poignée de farangs qui en sont descendus avec leurs sacs à dos. Et nous sommes tous montés dans une nouvelle bétaillère spécialement affrétée pour nous faire franchir les quelques centaines de mètres séparant la gare du poste frontière.
Une fois les formulaires remplis et les passeports tamponnés, les huit autres, dont mes nouveaux copains norvégiens Uhle et Teresa, ont voulu partir directement aux îles Perhentian.
Nous nous sommes donc séparés et j’ai pris un taxi pour moi toute seule jusqu’à Kota Bahru, 45 minutes de route à peine. Lequel m’a déposée à la gare routière centrale, qui heureusement l’est vraiment, sauf que je ne le savais pas encore.
Tout ce que je savais de Kota Bahru, c’est que c’est la ville musulmane la plus conservatrice de Malaisie. Effectivement, autour de moi, toutes les femmes portent le foulard et de longs vêtements amples, colorés mais bien couvrants.

Épuisée, assoiffée, je me traîne sous un soleil de plomb jusqu’à un café qui fait l’angle. La ville est très moche : du béton, de grandes artères encombrées, de grands panneaux de pub partout, avec en grosses lettres, des marques bien connues : Nokia, Bata, Sony… Bref, rien de bien engageant au premier coup d’œil.
Dégoulinante, je commande un Coca, sort mon guide et cherche vainement à me repérer. Comme d’hab, le plan du Routard est hyper mal fait, et la rue où je me trouve n’est pas indiquée. Pfff… Dépitée, je balaie du regard les tables autour de moi. Que des hommes comme clients. Personne ne s’intéresse à mon cas. Il va falloir mendier de l’aide… Je ne suis pas près de la prendre, cette douche !
Mon sauveur sera Monsieur Tê. Alors que je demandais à mon plus proche voisin s’il y avait des guesthouses dans le coin, un autre client s’est avancé et m’a répondu, dans un anglais impeccable, qu’il en connaissait plusieurs à proximité et pouvait m’indiquer le chemin. Juste le temps de le laisser finir son thé…
Grâce à M. Tê qui m’a même accompagnée, je suis arrivée à bon port. Deux rues plus loin, en fait! M. Tê est chinois, joaillier de son état. Il a les doigts pleines de bagouzes avec de grosses pierres tape-à-l’oeil, des vraies, qu’il m’a fièrement énumérées : rubis, saphir, émeraude…
Comme je n’avais pas l’air bien impressionnée, il a commencé à me parler football (chaque fois que je décline ma nationalité, tout le monde se croit obligé de me parler de Zidane et compagnie, comme si c’était mes potes).
Selon M. Tê, les Bleus sont des joueurs de grande classe, mais leur problème, c’est qu’il sont trop âgés, maintenant. J’écoute poliment, mais je m’en fiche un peu, je veux me poser et prendre une douche, c’est tout.
M. Tê est heureusement un homme très courtois, et il me quitte devant la porte d’un hotel, non sans m’avoir indiqué le quartier chinois, juste derrière, si j’ai envie de me faire un resto ensuite…