France : Côte d'Azur - juillet 2014
Cette année, j’ai découvert l’apnée. En Indonésie, puis en Méditerranée. En anglais, on dit “free diving”, la plongée libre… J’adore !
Retenir son souffle
La vie est pleine de surprises. Moi, la plongeuse bouteille qui aime tant faire des bulles, j’ai appris à faire un truc inédit, incroyable : me passer de détendeur et ne plus respirer sous l’eau ! Eh oui, cette année, je me suis mise à l’apnée !
En anglais, on appelle ça free diving : la plongée libre. J’aime bien l’expression, c’est la liberté (et pas le manque d’air, comme en français avec le mot apnée) qui est mise en avant. Plus besoin de bouteille d’air sur le dos !
Le principe, c’est de faire comme les mammifères marins. La seule réserve d’air qu’on embarque, c’est celle qu’on stocke dans ses poumons… 😀


Au départ, faire de l’apnée, je ne m’en croyais pas trop capable, avec mon passé de fumeuse. Je doutais aussi d’avoir la résistance physique nécessaire, vu mon manque d’activité sportive régulière. Et puis, j’ai beau aimer l’eau, je ne suis pas douée en natation – les longueurs de piscine, ça n’a jamais été mon truc. Bref. J’étais persuadée que la plongée en apnée ce n’était pas pour moi.
Pourtant, j’arrive aujourd’hui à descendre jusqu’à une dizaine de mètres de profondeur (mise à jour 2018 : une vingtaine de mètres, désormais), sur une seule inspiration… Il y a peu de choses que j’ai accomplies cette année dont je sois aussi fière. Je n’en reviens toujours pas.
Indonésie, mai 2014

Tout a commencé en Indonésie, en mai 2014. Je suis retournée à Pulau Weh, petite île de la province de Banda Aceh, sur la pointe ouest de Sumatra. J’y ai retrouvé un ami, Rémy Dubern, dont j’avais fait la connaissance lors d’un précédent séjour à Pulau Weh, quatre ans plus tôt, en 2010. Il était instructeur de plongée-bouteille à l’époque.
Nous avons gardé le contact sur Facebook. Entretemps, il s’est mis à l’apnée. Et comme c’est le genre de gars qui ne fait pas les choses à moitié quand il se passionne pour un truc, il a poussé l’expérience très loin… Jusqu’à la compétition, jusqu’à décrocher l’or, au championnat de France FFESSM de 2013, avec une descente en palmes à -80 mètres !
L’apnée, c’est désormais sa vie. Outre la compétition, il est devenu formateur et enseigne maintenant la plongée libre, aux débutants comme aux plongeurs plus chevronnés (voir son site Blue Addiction). Avec sa compagne Audrey, il organise régulièrement des stages en France et à l’étranger.
J’ai donc profité de la présence de Rémy à Pulau Weh, pour m’initier à l’apnée avec lui, au centre Lumba Lumba sur la plage de Gapang, entre deux journées de plongées avec bulles…
C’est un super prof, bienveillant et très pédagogue, qui met vraiment en confiance et sait communiquer sa passion. Je n’aurais peut-être pas osé m’essayer à l’apnée s’il n’avait pas su m’en parler comme il l’a fait… Un vrai passeur d’envie !
Pour les exercices pratiques, la première étape se passe au sec. Après quelques postures simples de yoga pour détendre le corps et des exercices de respiration pour apprendre à bien remplir sa cage thoracique, on s’allonge sur des transats, on se relâche au maximum et on essaie tous de retenir sa respiration le plus longtemps possible…
Ça me paraissait inimaginable, mais après quelques essais, j’ai réussi à tenir 2 minutes 30 !


Bon, dans l’eau, c’est une autre paire de manches. Il y a d’autres trucs à maîtriser : les oreilles à équilibrer, le palmage à optimiser, le stress à gérer… Nous sommes plusieurs apprentis apnéistes à suivre le cours et nous parvenons tous, au fil de la journée, à surmonter nos blocages, à faire des progrès impressionnants, chacun à son niveau.


N’ayant pas emporté mon appareil-photo sous l’eau pour les séances en mer, je vous mets ci-dessous quelques captures d’écran des vidéos faites à la GoPro par Rémy avec Rimen et Mathieu, un couple de voyageurs devenus des amis et qui ont comme moi découvert la plongée libre lors de leur séjour à Pulau Weh.

Cette initiation en Indonésie m’a tellement plu que j’ai décidé de remettre ça : avant même la fin de mon séjour à Pulau Weh, je me suis inscrite à l’un des stages de trois jours de Blue Addiction que Rémy avait prévu d’organiser à Hyères, dans le sud de la France, cet été.
Mise à jour 2021. Rémy a réalisé une vidéo pour le magazine Plongez! dans laquelle il explique les techniques de respiration, utiles autant pour l’apnée que pour la plongée-bouteille. Je vous la remets ci-dessous :
Hyères, juillet 2014
Au retour de mon voyage au Mexique, fin juillet, j’ai donc repris la route pour une ultime semaine de vacances sur la côte d’Azur, à Hyères, pour participer au stage d’apnée de Blue Addiction. Cette virée sur le littoral varois était pour moi une première : je ne connaissais pas du tout le coin, qui est pourtant un peu le berceau de la plongée en France…
J’ai ainsi découvert les îles de Port-Cros et Porquerolles lors de nos sorties en mer, sous un soleil radieux ! Magnifique ! Certes, ce n’est pas l’Indonésie, et l’eau y est carrément plus fraîche, mais la Méditerranée, ça reste “exotique” pour la Bretonne que je suis…
De Pualu Weh à Hyères, j’ai donc découvert une autre façon de plonger. Et surtout découvert que j’en étais parfaitement capable. À mon niveau (modeste) bien sûr…
J’aime bien le parallèle avec la course à pied que Rémy fait lors de ses formations : tout le monde est capable de faire un jogging, de courir pour le plaisir, à son rythme, pas besoin d’être un marathonien. Pour l’apnée, c’est pareil : pas besoin d’être un athlète comme dans le Grand Bleu, ça peut se pratiquer comme un loisir, en toute sécurité, c’est une activité accessible à toute personne normalement constituée.

Entre mon initiation à l’apnée en Indonésie et ce stage en Méditerranée, j’ai gagné en confiance. J’ai appris des petits trucs pas très compliqués, qui permettent de retenir son souffle plus longtemps.
Ce qui est vraiment incroyable, ce sont les progrès spectaculaires que tout le monde fait, entre la toute première immersion et les apnées suivantes… J’ai aussi appris l’importance de la relaxation physique et du “lâcher prise” mental (qui sont d’ailleurs utiles pas qu’en apnée, mais aussi dans la vie de tous les jours).



Du snorkeling au free diving
Bon, je ne suis pour l’instant qu’une grande débutante et j’ai encore une bonne marge de progression ! Contrairement à d’autres, je ne suis pas spécialement en quête de profondeur ni de performance, mais plutôt de plaisir et d’aisance…
L’idée, c’est de pouvoir déjà aller voir de plus près poissons et coraux, quand je fais du snorkeling (palmes-masque-tuba). Et puis, peut-être, un jour, de pouvoir approcher (et photographier, et filmer) dauphins, requins, raies mantas et autres bestioles sympathiques, sans les effrayer par un panache de bulles bruyantes !
Je me remémore en particulier ma séance de snorkeling avec les dauphins de Sataya, en Égypte, et la sortie requins-baleines au Mexique : si j’avais suivi quelques cours d’apnée avant, j’aurais été bien plus à l’aise pour réaliser mes images…

Lors de mon voyage aux Maldives, en février 2014, je ne connaissais pas encore grand-chose à l’apnée non plus. Mais certains de mes compagnons de plongée sur le fabuleux bateau Ocean Divine étaient également d’excellents apnéistes (je suis en retard dans mes publications, je n’ai pas encore raconté cette partie du séjour).
Lors de nos pauses snorkeling, j’étais un peu envieuse de les voir s’immerger et descendre sous la surface, sans effort apparent…
Moi, pas très douée pour tenir sans respirer sous l’eau, je me contentais de de barboter en surface avec mon appareil-photo. Admirez la position gracieuse… (Merci à Jeff pour les photos !)
La beauté de la plongée libre
Je ne suis pas peu fière d’avoir obtenu, à l’issue de mon initiation en Indonésie, ma première étoile Aida (Association internationale pour le développement de la plongée).
Ce qui est fascinant avec l’apnée, c’est qu’elle mobilise des ressources physiologiques primitives, que nous avons tous en nous, sans en avoir vraiment conscience. Notre corps est aujourd’hui adapté à la vie terrestre, mais il a gardé enfoui, au fil de l’évolution, quelque part au fond de ses cellules, la mémoire de sa vie aquatique d’antan… Le sujet passionne médecins et biologistes. Je vous renvoie sur cette page du site Blue Addiction de Rémy, qui explique ça très bien :
→ Nous pouvons tous faire de l’apnée
Je vais continuer à faire de la plongée sous-marine avec bouteille, bien sûr. Mais j’ai envie aussi de progresser en plongée libre… On s’affranchit du matériel, on écoute davantage son corps. Et puis, surtout, c’est tellement plus beau !
C’est aussi très amusant de croiser des plongeurs bouteille, sous l’eau… Ils n’en reviennent pas de voir les apnéistes leur passer sous le nez, sans autre matos que l’équipement palmes-masque-tuba !

Nouvelles expériences avec des apnéistes
J’ai eu l’occasion de réessayer l’apnée ou de côtoyer d’autres apnéistes, lors de nouveaux voyages :
→ En Mer Rouge (Égypte) en octobre 2016
→ En Indonésie à Komodo, en juillet 2016



Des vidéos inspirantes
Enfin, pour clore ce chapitre sur ma découverte de l’apnée, j’aime beaucoup l’inspiration dont font preuve les apnéistes d’aujourd’hui pour partager leur passion, grâce à des vidéos postées sur internet. Ils sont de plus en plus nombreux à mettre en avant la dimension esthétique de la plongée libre, à offrir une autre approche du monde sous-marin ou des sensations en plongée, qui n’est ni du documentaire ni du reportage ni de la compétition…
Le plus connu est l’apnéiste Guillaume Néry, champion du monde en 2011 et détenteur du record français à -125 mètres. C’est lui qu’on voit dans le film Free Fall, réalisé par sa compagne Julie Gautier, qui fait un carton sur internet depuis 2010.
En avril 2014, au moment de la sortie de son livre Profondeurs, j’ai eu le plaisir de l’interviewer pour l’édition du soir numérique d’Ouest-France.
L’article est accessible sous forme de capture PDF au bout du lien ci-dessous :
→ Guillaume Néry, une vie en apnée
Guillaume Néry et Julie Gautier ont réalisé un nouveau court-métrage (auquel a participé Rémy Dubern), que je vous invite à découvrir ci-dessous.
Ce film a pour thème les hallucinations provoquées par la narcose, cette ivresse des profondeurs que ressentent les plongeurs capables d’aller très loin sous l’eau… Le parti pris est là encore très esthétique, mais dans une veine plus psychédélique et un peu effrayante…
Guillaume Néry a aussi participé à un film dans les cénotes mexicains. J’y retrouve l’ambiance et les jeux de lumière qui m’ont tellement fascinée pour mes propres images.
Évidemment, plonger en apnée dans ce genre d’endroit est réservé aux pros… Je vous mets un extrait ci-dessous. C’est superbe, mais là aussi, plutôt inquiétant.
Pour les mordus de ce genre de films décalés sur l’apnée, je mets ci-dessous les liens vers deux autres articles que j’ai publiés récemment, avec des petits films plus ludiques :
→ L’homme qui court à la surface de la mer (une vidéo réalisée par des Espagnols, où un apnéiste, filmé la tête en bas et les pieds au ras de la surface, donne l’illusion de courir sur l’eau)

→ À -40 m dans la piscine la plus profonde du monde (j’y ai glissé une vidéo de la plongeuse costumée en sirène qui a offert un joli spectacle subaquatique pour l’inauguration de la fosse de plongée Y-40 en Italie)
