Manta à Blue Magic. Raja Ampat, Papouasie occidentale, Indonésie. Janvier 2015.
© Corinne Bourbeillon

Festival de raies mantas à Blue Magic

#Raja Ampat #Indonésie

  Indonésie : Raja Ampat - janvier 2015

Le site s’appelle Blue Magic. Ce récif isolé en pleine mer est fréquenté par les raies mantas en saison. C’est l’un de mes spots de plongée favoris à Raja Ampat (Papouasie occidentale, Indonésie).

Mantas !

25 janvier 2015. Ce jour-là, je suis la seule plongeuse sur le bateau. Je suis avec mon super-guide papou Otto Awom, qui supervise les plongées au Sorido Bay Resort de Papua Diving. Pour la photographe subaquatique que je suis, c’est le luxe suprême. Plongées à la carte et guide privé ! Je me sens super-princesse… 🤗

La fin de mon séjour approche et j’ai demandé à retourner à Blue Magic. Chaque plongée sur ce site bien nommé est un festival – perroquets à bosse, barracudas, bancs de carangues – et chaque plongée y est différente de la précédente.

Otto sur le bateau de Papua Diving. Raja Ampat, Indonésie, janvier 2015.
Otto Awom, guide chez Papua-Diving, est l’un des pionniers de la plongée à Raja Ampat. (Raja Ampat, Papouasie Occidentale, Indonésie, janvier 2015)
Banc de carangues à Blue Magic. Raja Ampat, Papouasie Occidentale, Indonésie, janvier 2015.
Un banc de carangues tournoie au sommet du récif de Blue Magic. (Raja Ampat, Papouasie Occidentale, Indonésie, janvier 2015)

Quand nous arrivons sur zone, Otto scrute l’eau pour repérer le sommet du récif, qui est à une douzaine de mètres de profondeur à marée haute. “Mantas !” lance-t-il.

Je scrute l’eau moi aussi. J’hallucine. On voit très nettement les losanges sombres de plusieurs grandes raies mantas. Nous sommes le seul bateau sur zone, les seuls plongeurs. Aucune autre palanquée risquant de faire fuir les belles géantes. On a donc de bonnes chances de réussir à admirer les raies mantas sous l’eau…

On décide de ne pas faire la partie profonde du récif (à 25-30 mètres) qu’on explore habituellement en début de plongée, pour aller directement au sommet (autour de 12 mètres de profondeur, donc) puisque les immenses raies mantas semblent d’humeur à y traîner ce matin-là…

Bonne pioche ! Nous passerons plus d’une heure sous l’eau en compagnie des raies mantas. Voici un petit condensé en 1 minute 30 de vidéo :

Courant et plancton

Au sommet de Blue Magic ce jour-là (comme souvent), il y a un courant de folie. Et on le voit bien sur ma petite vidéo, la visibilité n’est pas extraordinaire, l’eau est chargée en plancton. Mais quand il y a à la fois du courant et du plancton, c’est souvent la garantie de belles rencontres !

Vu les conditions, je suis bien contente d’être avec Otto Awom, qui est sans doute le meilleur connaisseur des fonds sous-marins du détroit de Dampier, à Raja Ampat. Il est parmi les premiers à les avoir explorés, il y a une vingtaine d’années, aux côtés de Max Ammer, avant que ne se développe le tourisme de la plongée dans la région.

À Blue Magic comme sur tous les autres sites, Otto sait parfaitement évaluer la direction et la force du courant, afin de guider le capitaine du bateau pour qu’il nous dépose au bon endroit pour la mise à l’eau : c’est-à-dire un peu au large du site mais pas trop non plus, l’objectif étant de ne pas rater le récif lors de notre descente en dérivante.

Sous l’eau, nous arrivons pile où il faut, sur le flanc du récif, tout près du sommet. Après quelques toutes petites minutes d’attente, au milieu des bancs argentés de carangues qui tournoient et des nuées pourpres d’anthias qui frétillent, les majestueuses raies mantas font leur apparition !

Raies mantas à Blue Magic. (Raja Ampat, Papouasie Occidentale, Indonésie, janvier 2015)
Raies mantas à Blue Magic. (Raja Ampat, Papouasie Occidentale, Indonésie, janvier 2015)

Une heure avec les mantas

Je me suis fixée au récif avec mon crochet pour ne pas avoir à lutter contre le courant, mais je suis mal positionnée pour profiter du spectacle (et accessoirement filmer et prendre des photos). Je flotte comme un petit drapeau, retenue par mon filin fixé à l’avant de ma stab (le gilet-stabilisateur des plongeurs, pour les non-initiés). Bref, pas du tout dans le bon sens donc… les raies mantas arrivent du côté de mes palmes. Je dois me contorsionner pour braquer mon objectif vers elles. Épuisant et malcommode.

Otto reste un peu à l’écart, pour me laisser faire tranquillement mes images. Il me montre du doigt une patate de corail un peu au-dessus, au milieu de la partie haute du récif et plus proche de la trajectoire des raies mantas.

Je me décroche et parviens à progresser jusque-là. Il y a du sable et des débris de corail mort au pied de l’énorme patate, je peux m’y installer. Là, je suis à l’abri du flot furieux du courant, qui déferle de part et d’autre de mon refuge. Je peux enfin rester tournée du bon côté sans m’épuiser et me caler presque confortablement, dos au rocher, bien en face des géantes des mers.

Elles remontent paisiblement le courant, gueule ouverte pour avaler un maximum de plancton, tournoient lentement au-dessus du corail pour se faire nettoyer la peau par les petits poissons qui pullulent.

Elles semblent planer sans effort et enchaînent les voltes, sans se soucier de notre présence. Elles passent parfois très près, au-dessus de nos têtes, on dirait qu’elles aiment sentir nos chapelets de bulles leur caresser le ventre.

Nous passerons plus d’une heure à les observer, sans bouger. J’en dénombre une dizaine. Ces gigantesques raies font bien 4 à 5 mètres d’envergure, peut-être plus. Je suis fascinée. Elles sont à la fois imposantes et gracieuses.

Je suis mieux installée qu’avant pour les admirer, mais les conditions n’ont pas changé et ce n’est vraiment pas l’idéal pour filmer ou photographier.

Je suis à contre-jour, dans une eau chargée, et je peux difficilement quitter ma patate de corail protectrice pour tenter d’approcher en douceur les raies mantas afin d’avoir une meilleure image. Le courant m’emporterait aussitôt et il me serait impossible de revenir au récif à la force des palmes…

Je dois donc être patiente et attendre qu’elles viennent à moi pour espérer réussir une ou deux images potables. Le temps de passer du mode vidéo au mode photo, et inversement, je rate pas mal d’occasions et peste dans mon détendeur…

Quand les mantas sont trop loin, mon flash n’accroche que les particules en suspension et les petits poissons qui frétillent au premier plan. Quand elles sont trop près et viennent frotter leur ventre sur mes bulles, elles “débordent” du cadre, malgré mon grand angle. Super énervant. 😂

Manta à Blue Magic. Raja Ampat, Papouasie occidentale, Indonésie. Janvier 2015.
Une raie manta plane juste au-dessus de ma tête, m’offrant une vue imprenable sur son ventre, dont les taches sont uniques et permettent d’identifier chaque individu, comme nos empreintes digitales. (Raja Ampat, Papouasie Occidentale, Indonésie, janvier 2015)

Et Manta Sandy ?

Sur le sommet de Blue Magic, la situation est beaucoup moins confortable qu’à un autre site réputé de Raja Ampat pour l’observation des raies mantas, appelé Manta Sandy (près de l’île d’Arborek), où on est calé au fond sur le sable pour admirer les mantas. Ce site-là est peu profond, même les snorkelers (nageurs avec palmes-masque-tuba) peuvent bien profiter du spectacle.

Les raies mantas ont leurs habitudes à Manta Sandy et y sont plus nombreuses durant une saison qui va grosso-modo d’octobre-novembre à mars-avril. Elles évoluent au-dessus d’un amas de patates de corail sur fond sableux, qui sont peuplées de petits poissons nettoyeurs.

J’avais assisté à un fantastique carrousel, trois ans plus tôt. Je vous remets la vidéo que j’avais faite en 2012 ci-dessous :

Manta Sandy est considéré comme LE spot à mantas du détroit de Dampier. J’y suis retournée, lors de ce nouveau séjour de 2015, mais j’ai eu moins de chance qu’il y a trois ans. Je ne suis pas tombée à un moment aussi propice – il n’y avait pas beaucoup de courant – et je n’ai cette fois vu passer que quelques mantas… Décevant par rapport à ce que j’espérais. Mais d’autres plongeurs m’ont assuré y avoir vu, quelques jours plus tôt, un ballet spectaculaire.

La nature est ainsi, rien n’est jamais garanti, même à Raja Ampat. Cette année, c’est donc à Blue Magic que j’ai vécu ma plus belle rencontre avec les mantas !

Ultime récompense : pour mon dernier jour, nous sommes allés encore une fois à Blue Magic. Et à la toute fin de la plongée, alors que nous remontions sur le sommet du récif, Otto et moi, nous avons croisé à nouveau la route des mantas géantes… Ce coup-ci, on n’a pas pu rester bien longtemps avec elles – on n’avait plus d’air en réserve.

Emmanuel, un autre plongeur qui était avec nous ce jour-là, mais qui a suivi un parcours différent sous l’eau avec un autre guide, n’a pas eu cette chance. Pas rancunier, il m’a envoyé les images qu’il a tournées sur le bateau à notre retour et avec lesquelles je me suis amusée à monter un mini “teaser”, posté il y a quelques jours sur la page Facebook des Petites Bulles d’Ailleurs :

Merci Emmanuel pour ce petit film souvenir ! Pour une fois que je suis devant la caméra. Que voulez-vous… Les mantas, ça me met en joie.

😃

Quelques liens

→ Pour les défenseurs de la nature : les mantas font partie des espèces menacées, je vous renvoie sur les sites de l’ONG Mantatrust (en anglais) et de l’association Longitude181 (en français) pour en savoir plus

→ Pour les mordus : Tous mes articles parlant de raies mantas

→ Pour les pragmatiques : Infos pratiques pour organiser son voyage à Raja Ampat

→ Pour les passionnés : Tous les articles sur mes voyages à Raja Ampat

  Indonésie : Raja Ampat - janvier 2015

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  1. Superbes images . Nous avons eu la chance de refaire ces deux sites mais mon préféré est définitivement blue magic !!!!! Nous sommes moins contraints qu’à manta Sandy et les mantas sont plus proches …. Pour les images c’est mieux !!!! Merci

  2. MERCI Corinne pour ces superbes images (si, si !) ; quant au ballet des mantas, toujours aussi poétique ! Et Blue Magic, hum… 😉
    Avec des bizzzzzzzzzz

  3. Je partage ta fascination pour ces raies! Sidérant de les voir évoluer si gracieusement , en dépit de leur poids et envergure! M’ont fait spontanément penser à la danseuse américaine Loïe Fuller, pionnière de la danse contemporaine, qui faisait tournoyer de longs voiles lors de ses chorégraphies, à l’image des raies mantas dans ces abîmes aquatiques! 😉

    1. @Ysbilia : oui, c’est un autre genre de ballet, ici, naturel et subaquatique… 🙂 Pour le reste, on n’est qu’à quelques mètres sous la surface, bien loin de l’abîme !

  4. @Corinne : désolé, aucun commentaires… 😉 C’est trop beau, c’est tout, et çà veut tout dire ! Heureusement que j’aurais vu au moins une fois dans ma vie un ballet de mantas en plongée !
    Ah oui ! Toujours résolu à m’y rendre, bien entendu ! 🙄

    1. @Didier : j’espère que tu iras un jour prochain. Il y a de quoi s’émerveiller, même en étant contraint au palmes-masque-tuba. À Manta Sandy, les snorkelers peuvent aussi profiter du ballet des mantas… Et puis, il y a tout le reste : la biodiversité exceptionnelle de la région est sous l’eau mais sur terre aussi.
      🙄

  5. Bonjour Corinne !
    J’ai eu le plaisir de lire ce billet sur un canapé du Je Meridien à Sorong, où nous passions la nuit avant de rentrer vers ce froid parisien que nous avons retrouvé hier…

    Blue Magic… Nous y avons plongé deux fois ce séjour, et c’est également notre site favori (avec Cape Kri, Sardine Reef et Arborek…), et comme toi nous avons eu la chance d’y croiser deux mantas océaniques géantes, de 5 à 6 mètres d’envergure, sur la fin des deux plongées…
    Nous étions seuls sur le site avec notre guide Jason (du homestay Yenkoranu), et c’était magique… Autre souvenir mémorable du lieu, le banc de carangues qui y réside est venu m’envelopper, poussé par le courant, alors que je prenais de photos, flottant au bout de mon reef-hook…

    Sinon pour le manta-watching “classique”, nous ne sommes pas allés à Manta Sandy, mais à Manta Ridge (Slope). C’est une station d’alimentation (et non de nettoyage comme Sandy) au bord d’une pente et avec un bon courant, ce qui fait qu’il y a moins de monde, surtout de bon matin, et un peu plus d’action.

    Et il y a sinon quelques autres sites propres au manta-watching – un peu plus confidentiels, car initialement réservés à l’opérateur historique, Papua Diving, qui les a découverts – dont un (Manta Yehuda) où nous avons pu dire au revoir aux mantas lors de la dernière plongée du séjour… Sniff
    Nous avons vécu 20 plongées magnifiques, et comptons retourner en février prochain!

    ben & kayo

  6. Magnifique…
    Plongeur encore novice, j’ai découvert votre blog il y’a une semaine et je pense l’avoir parcouru facilement 4 ou 5h, ça donne vraiment envie !
    Pensez vous que les Mantas soient visibles en décembre et les plongées sont elles accessibles selon vous aux plongeurs débutants (10 plongées) ?
    Merci encore pour votre blog, il est parfait.
    ++
    Ben

    1. @Ben : le site de Blue Magic est, je pense, un peu trop difficile avec une expérience de seulement 10 plongées. Mais le site de Manta Sandy est tout à fait accessible aux débutants.
      Pour la saison, je crois qu’on commence à voir des mantas dès décembre, peut-être même avant ? Mais je ne sais pas trop, je n’y suis pas allée à cette période-là, et les saisons pour les animaux marins c’est comme celles de la météo, parfois ça arrive en avance ou en retard, rien n’est jamais certain…
      Ravie, en tout cas, que mes Petites Bulles d’Ailleurs vous aient à ce point envoûté !!!
      🙄

  7. Après avoir depuis déjà un an parcouru plusieurs fois tes articles, je te laisse enfin un petit commentaire.
    Tes photos sont simplement fabuleuses, et tes articles très utiles pour choisir les meilleurs sites de plongée.
    Je suis donc fraîchement allé sur les traces à Komodo en début de mois, et début juillet ce sera Sipadan avec Billabong, puis Derawan.
    Je garde le top de Raja Ampat pour ensuite et compte bien passer mon divemaster, peut être à komodo car les forts courants promettent d’être formé avec des conditions exigeantes.
    Je te suis avec 3 années de décalage mais j’ai la chance en travaillant à Jakarta d’être directement sur place 🙂

    2 petites questions à la photographe pro que tu es revenue:
    -J’ai pour l’instant un G16 et j’aimerais acheter une lampe Itorch, je ne sais pas quel modèle entre 5, 6 et,7. D’un millier à 7000 lumen. La luminosité en Indonésie étant très forte, une lampe puissante est sûrement nécessaire pour faire plus que de la macro, non?
    -J’ai vu que tu étais un peu allée aux Philipinnes. Les requins baleines le must c’est bien à Cebu?
    A Komodo on m’a aussi parlé de Corto Divers à Palawan je crois, sur un site où il y a deux immenses épaves de navires militaires japonais de la 2ème guerre. Tu connais? Je n’ai pas trop vu de plongées épaves sur ton blog, tu es fan de macro comme moi ;-), le plus exigeant à photographier peut être?

  8. J’aurais encore plus peur avec une visibilité qui laisse à désirer. Les images et la vidéo sont magnifiques; merci pour ça. Je n’en ai croisé qu’une fois mais je faisais du PMT et j’avais été surpris de voir comme ces bêtes sont majestueuses tout en étant très vives lorsqu’elles veulent filer vitesse grand V.
    Déjà qu’une raie c’est impressionnant alors une raie géante je n’ose même pas imaginer…
    Merci encore pour ces belles images, ça fait rêver.

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