Le ponton de Sipadan. Bornéo, Malaisie, juillet 2013.

Plongeurs sous haute surveillance à Sipadan

#MALAISIE

  Bornéo : Indonésie + Malaisie - juillet 2013

Sipadan. Une île explorée par Cousteau. Un rêve de plongeurs. Mais un rêve sous surveillance militaire, pour la sécurité des touristes et la sauvegarde du récif.

Pour les fous de plongée

Sipadan, petite île au large de Bornéo, en Malaisie orientale, est l’un des spots de plongée les plus réputés en Asie. Réputation pas usurpée.

Bien sûr, mieux vaut aimer les poissons pour apprécier l’endroit comme il le mérite…  👌

Banc de carangues à Sipadan. Bornéo, Malaisie, juillet 2013.

Moi qui suis irrémédiablement accro aux bulles et aux poissons, je suis retournée à Sipadan, pour la troisième fois, en juillet 2013, après deux premiers voyages en 2006 et 2009.

J’ai déjà mis en ligne quelques articles sur ce nouveau périple de 2013 :

Pour l’ambiance sous l’eau → Sipadan sous l’eau en images
Pour voir un requin de près → Sipadan : une vidéo, un requin, une minute
Pour le détail mon périple de juillet 2013 à Bornéo → Plonger dans le bleu de Bornéo

Sipadan, c’est où et comment on y va ?

Quelques petites précisions pratiques et géographiques pour commencer, car je suis inondée d’e-mails me demandant des informations sur Sipadan… 😉

Sipadan est une île minuscule, située en Malaisie orientale, dans le nord-est de Bornéo, tout près de la frontière avec l’Indonésie. L’île fait partie de l’État malaisien du Sabah.

Avantage non négligeable de ce spot de plongée fabuleux, c’est sa facilité d’accès, via l’aéroport de Tawau : il y a notamment des connexions directes avec Kuala Lumpur en Malaisie péninsulaire, ou Kota Kinabalu en Malaisie orientale sur Bornéo (voir les sites d’Air Asia et Malaysia Airlines).

Kuala Lumpur - Tawau.
Avion MAS Wings, filiale de Malaysia Airlines pour les vols domestiques. Bornéo, Malaisie, juillet 2013.

Une fois à Tawau, il faut se rendre à Semporna, le port d’où partent les bateaux pour Sipadan et Mabul, l’île voisine. Le trajet par la route prend environ une heure. Il y a quantité de taxis qui attendent le client à l’aéroport.

La traversée de Semporna à Mabul en bateau prend à peu près une heure aussi. Ensuite, depuis Mabul il faut compter encore une vingtaine de minutes pour rejoindre l’île de Sipadan même (attention, pour peu qu’il y ait des vagues, le temps des traversées est facilement doublé).

Une île océanique explorée par Cousteau

Sipadan, quand on approche, ça ressemble à ça :

Sipadan. Bornéo, Malaisie, juillet 2013.
Sipadan. Bornéo, Malaisie, juillet 2013.
Le ponton de Sipadan. Bornéo, Malaisie, juillet 2013.
Le ponton de Sipadan. Bornéo, Malaisie, juillet 2013.

Eau turquoise et sable blanc… Effet “wow” garanti quand il fait grand soleil.

Sipadan est une île bien particulière. C’est la seule île océanique de Malaisie. Cela signifie que ce n’est pas juste une zone émergée dans le prolongement d’un continent, mais une île d’origine volcanique, créée par l’activité de la croûte terrestre au niveau du plancher océanique.

Sipadan elle-même est toute petite. L’île est juchée sur un vaste récif corallien, au sommet d’un ancien volcan.

Celui-ci forme un à-pic sous-marin vertigineux, qui s’enfonce à environ 600 m sous la surface. Ces conditions géologiques particulières ont favorisé un foisonnement de vie et une biodiversité sous-marine incroyables. (Cliquez sur les images pour les voir en grand.)

Les Malaisiens Clement Lee et Samson Shak, le Britannique Ronald Holland et l’Américain Randy Davis sont considérés comme les “découvreurs” des richesses subaquatiques de l’île et les “pionniers” de la plongée à Sipadan. En 1984, ils y ont démarré la toute première opération commerciale de plongée, qui existe toujours, Borneo Divers.

Mais c’est le Français Jacques-Yves Cousteau qui a fait la célébrité de l’île, après son passage avec la Calypso, en 1988. Émerveillé, il aurait dit, en substance : “J’ai déjà vu des endroits comme Sipadan, mais c’était il y a 45 ans. Ce que nous avons là, c’est une œuvre d’art intacte.”

À Sipadan, Cousteau a notamment tourné un documentaire intitulé Le spectre de la tortue (1989), dont les images spectaculaires de la grotte abritant un cimetière de tortues, avec crânes et carapaces blanchâtres sur fond sablonneux, ont marqué les esprits. Il y a une explication rationnelle, à cette tombe de tortues : égarées dans les boyaux de la grotte, elles y auraient péri asphyxiées, faute d’avoir pu retourner à la surface respirer.

Turtle Tomb Cave. Sipadan, Bornéo, Malaisie, juillet 2013.

Je ne m’appelle pas Cousteau et je n’ai visité que l’entrée de la Turtle Tomb Cave, une vaste salle à l’obscurité intimidante. J’en ai tout de même ramené une petite vidéo, que je posterai dans un prochain article… (EDIT : la vidéo est en ligne, à voir ici.)

Une île sous haute surveillance

Sipadan est aussi connue hors du petit monde de la plongée à cause de la dramatique histoire des otages de Jolo, en 2000.

Une vingtaine de personnes – un groupe de plongeurs étrangers et des Malaisiens – avaient été kidnappées à Sipadan, par des Philippins du groupe séparatiste islamiste Abu Sayyaf, puis emmenées et séquestrées sur l’île de Jolo, située non loin de là, dans l’extrême sud de l’archipel des Philippines.

Depuis, l’armée malaisienne a déployé des hommes à Sipadan et dans les îles alentour. Ils sont là en permanence, des patrouilles sillonnent les eaux de la région. La sécurité des touristes est ainsi (en principe) assurée, mais ça fait toujours un peu bizarre de voir des gars avec armes et treillis sur les plages de sable blanc… J’en parlais déjà lors de mon premier séjour en 2006.

MISE À JOUR : la sécurité à Semporna / Mabul / Sipadan. Je reçois beaucoup de questions sur ce sujet, je rappelle que cet article, publié initialement en décembre 2013, concerne mon séjour là-bas en juillet 2013. J’ai rajouté en commentaires de nouvelles informations, en réponse à des lecteurs…  

Le 15 juin 2014, après de nouveaux enlèvements de touristes survenus en novembre 2013 et avril 2014, dans deux resorts isolés de la région, j’ai publié un premier long commentaire sous cet article, compilant plusieurs infos et mises à jour sur ce sujet, que vous pouvez lire au bout de ce lien :
https://petitesbullesdailleurs.fr/plongeurs-securite-sipadan-20131215/comment-page-1/#comment-6754

Le 26 août 2017, j’ai publié un nouveau commentaire, en réponse à un lecteur, compilant les dernières informations que j’ai trouvées sur la situation à cette date, à voir en cliquant sur ce liens :
→ https://petitesbullesdailleurs.fr/plongeurs-securite-sipadan-20131215/comment-page-1/#comment-7960

Un soldat en faction sur la petite île de Sibuan, au large de Semporna. Bornéo, Malaisie, juillet 2006.
Un soldat en faction sur la petite île de Sibuan, au large de Semporna. (Bornéo, Malaisie, juillet 2006.)

Diverses mesures ont été prises aussi pour la protection environnementale de Sipadan et de son récif, après que l’île, objet d’un litige avec l’Indonésie voisine, a été officiellement attribuée à la Malaisie en 2002 : fermeture des quelques hôtels construits sur Sipadan même en 2004 ; instauration d’un quota de plongeurs et snorkelers (nageurs en palmes-masque-tuba) limité à 120 par jour, et désormais passé à 176 par jour [info de 2019].

À l'intérieur du bureau d'enregistrement de Sipadan, la liste des opérateurs de plongée autorisés, avec, pour chacun, le nombre de permis accordés pour la journée. Total : 120. (Bornéo, Malaisie, juillet 2013.)
À l’intérieur du bureau d’enregistrement de Sipadan, la liste des opérateurs de plongée autorisés, avec, pour chacun, le nombre de permis accordés pour la journée. Total : 120. C’était en 2013. Le quota est passé à 176 désormais. (Bornéo, Malaisie, juillet 2013.)

Aujourd’hui, la plupart des touristes-plongeurs logent sur Mabul, l’île voisine de Sipadan – où les hébergements, du plus cheap au plus chic, s’entassent autour du village. D’autres font la sortie à la journée, depuis Semporna, le port sur la terre ferme à Bornéo.

Lire aussi → A brief history of Pulau Sipadan

Sipadan. Bornéo, Malaisie, juillet 2013.

Les seuls résidents permanents de Sipadan sont désormais des militaires-rangers et quelques varans et lézards pas farouches…

Le poste des militaires-rangers à Sipadan. Bornéo, Malaisie, juillet 2013.
Varan à Sipadan. Bornéo, Malaisie, juillet 2013.

Ces mesures semblent porter leurs fruits – pour autant que je puisse en juger à l’échelle de mes trois visites, à quelques années d’intervalle (2006, 2009, 2013)…

Sur le plan de la sécurité, les touristes sont revenus – et un impressionnant business s’est développé autour de la plongée, à Mabul et Semporna.

Sur le plan environnemental, la vie sous-marine sur le récif de Sipadan est restée spectaculaire ! Ça réconforte, après ma déception à Maratua et Sangalaki, côté indonésien de Bornéo.

Des panneaux sur le ponton de Sipadan rappellent les règles à observer dans la réserve marine de l'île. Bornéo, Malaisie, juillet 2013.
Des panneaux sur le ponton de Sipadan rappellent les règles à observer dans la réserve marine de l’île. Bornéo, Malaisie, juillet 2013.

Liberté contrôlée

À Sipadan, chaque visiteur doit d’abord débarquer et signer le registre des permis, avant de pouvoir plonger, nager ou se balader. Chaque bateau reçoit un fanion pour la journée, permettant de l’identifier comme étant autorisé à naviguer autour de l’île.

Signature du registre à Sipadan. Bornéo, Malaisie, juillet 2013.
Sipadan. Bornéo, Malaisie, juillet 2013.

Il est interdit de circuler sur l’île au-delà d’un périmètre restreint à la grande plage près du ponton et à l’aire aménagée pour les plongeurs sous les arbres – avec tables, auvents en bois et sanitaires. Autant pour assurer la tranquillité des tortues qui pondent sur le sable tout autour de l’île, que pour garder les touristes à portée de vue.

L’ambiance est plus insolite que pesante. On revient sur l’île entre les plongées pour manger, se reposer, prendre des photos souvenirs…

La portion de plage autorisée aux touristes, à Sipadan. Bornéo, Malaisie, juillet 2013.
La portion de plage autorisée aux touristes, à Sipadan. (Bornéo, Malaisie, juillet 2013)
Pause-déjeuner entre deux plongées, sur Sipadan. Bornéo, Malaisie, juillet 2013.
Pause-déjeuner entre deux plongées, sur Sipadan. (Bornéo, Malaisie, juillet 2013)

Sur place, les militaires-rangers, souvent en tongs mais avec des armes à portée de main, surveillent les allées et venues des touristes, entre deux siestes.

Parfois la sirène retentit, quand un intrépide ou un étourdi s’aventure au-delà de la limite. Mieux vaut ne pas rigoler avec ça, avertissent les guides avant de débarquer un groupe. Une infraction et c’est tout le bateau qui se retrouve non seulement expulsé mais interdit de plongées…

😠

Avouez que ç’eût été dommage…

Un requin pointe blanche à Sipadan. Bornéo, Malaisie, juillet 2013.
Un requin pointe blanche de récif (ou requin corail) à Sipadan. (Bornéo, Malaisie, juillet 2013)

(Merci à l’un de mes compagnons de plongée, Vicente Garcia, pour la photo ci-dessus, où on me voit filmant un requin corail ! Et la vidéo qui va avec est ici.)

  Bornéo : Indonésie + Malaisie - juillet 2013

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