Requins-marteaux. Kurkap Island, Moluques, Indonésie, octobre 2015.
Requins-marteaux. Kurkap Island, Moluques, Indonésie, octobre 2015.

Ces requins me rendent marteau

#Indonésie

  Indonésie : Banda + Raja Ampat - oct-nov 2015

Les requins-marteaux font fantasmer les mordus de plongée. Ces requins-là ont de la gueule, il faut dire. Je les ai (encore) rencontrés lors d’une fabuleuse croisière en Indonésie.

L’année des marteaux

En juillet 2015, je les avais aperçus – furtivement – lors d’une plongée au sud de Lombok, l’île voisine de Bali, au fameux site appelé The Magnet.

Trois mois plus tard, j’ai eu la chance de croiser à nouveau des requins-marteaux, en Indonésie (encore), lors d’une croisière-plongée à bord du Waow, dans l’est de l’archipel, en Mer de Banda. Cette fois, le spectacle est moins furtif !

Cette année 2015 est décidément l’année des marteaux, dans ma petite vie de plongeuse…

Banc de requins-marteaux. Moluques, Indonésie, octobre 2015.
Banc de requins-marteaux. Moluques, Indonésie, octobre 2015.
Requins-marteaux. Kurkap Island, Moluques, Indonésie, octobre 2015.
Requins-marteaux. Kurkap Island, Moluques, Indonésie, octobre 2015.
Waow burning

Mise à jour février 2018. Le Waow, ce magnifique bateau de croisière-plongée qui sillonnait les eaux de l’archipel indonésien, et à bord duquel j’ai eu la chance d’embarquer en 2015, n’existe plus… 😢 Il a hélas brûlé et coulé, dans la baie de Cenderawasih, en Indonésie, dans la nuit du 31 janvier au 1er février 2018. Je vous renvoie sur le message publié sur leur page Facebook et sur leur site.

Ceci dit, question photos sous-marines, je ne suis pas gâtée : à chacune de nos sorties “marteaux”, de l’archipel de Banda à l’île de Kurkap, la visi est plutôt pourrie et mon autofocus patine, incapable de gérer la mise au point dans cette eau chargée…

L'itinéraire du Waow pour cette croisière, d'Ambon à Sorong.
L’itinéraire du Waow pour cette croisière, d’Ambon à Sorong.

(Pour les non-plongeurs : la “visibilité” sous l’eau peut être très changeante et varier d’à peine quelques mètres à plus de 25m, d’un site à l’autre, d’une journée à l’autre, parfois même d’une heure à l’autre, en fonction des particules et du plancton en suspension, liés aux courants, aux marées, à la météo, etc.). On n’aperçoit les requins qu’au tout dernier moment, ils semblent surgir du “brouillard” bleu verdâtre de l’eau.

Du coup, je n’ai pas réussi à faire une seule photo de requins marteaux… Je dois bien admettre que les eaux indonésiennes ne sont sans doute pas les plus propices pour photographier ces bestiaux – et on m’a soufflé des noms prometteurs comme les Galapagos, l’île Cocos, les Bahamas… Autant de destinations à inscrire sur ma “bucket list” de plongeuse !

Bref, les seules images que j’ai donc à vous offrir sont en fait des captures d’écran, provenant du film réalisé par le vidéaste du Waow, Steffan Kilby, qui a réussi à les approcher de plus près que moi. Avec sa permission, je vous en livre un extrait ci-dessous.

Face-à-face avec les squales

Je garde un souvenir ému de mon premier vrai face-à-face avec un gros marteau, au site de Karang Hatta, dans l’archipel de Banda, au début de la croisière. Il est apparu au milieu de la bouillasse bleue, pile dans ma ligne de mire, mais a filé aussitôt sans demander son reste. Pas le temps de lui tirer le portrait… Frustrant.

Au retour de la plongée, Refly, guide sur le Waow, se propose bien comme modèle de substitution. Mais, comment dire… C’est beaucoup moins impressionnant.  😆

L'un de nos guides, Refly, déguisé en requin-marteau... :D
L’un de nos guides, Refly, déguisé en requin-marteau…
Connaissez-vous le signe des plongeurs pour signaler des marteaux ?
Connaissez-vous le signe des plongeurs pour signaler des marteaux ?

Plusieurs fois, lors de nos différentes plongées en Mer de Banda, nous rencontrerons des marteaux. Mais il faut s’éloigner du récif et aller palmer dans le “bleu” pour espérer bien les voir… Les requins patrouillent à proximité, en nombre. Mais lestée de mon encombrant appareil photo, je ne palme pas assez vite et les plongeurs en tête de palanquée sont souvent plus chanceux que moi pour ce qui est d’apercevoir un banc de marteaux dans le lointain.

Les plus vernis d’entre nous réussissent cependant à les approcher d’assez près, notamment autour de Kurkap, une petite île isolée des Moluques, entre Mer de Banda et Mer de Seram.

Requins-marteaux. Kurkap Island, Moluques, Indonésie, octobre 2015.
Requins-marteaux. Kurkap Island, Moluques, Indonésie, octobre 2015.

Quant à moi, la seule fois où je me retrouve vraiment tout près d’un marteau, à une distance permettant enfin de faire une image potentiellement fabuleuse, c’est… à seulement 5m de la surface, en fin de plongée, au palier ! Incroyable…

C’était dans l’archipel de Banda, au site de Karang Hatta encore, où nous avons plongé plusieurs fois d’affilée. Un  très gros requin a déboulé soudain devant nous, vraiment au moment où nous nous y attendions le moins.

Surprise, j’écarquille les yeux derrière mon masque en comprenant qu’il s’agit bien d’un marteau, encore : je distingue vite la gueule aplatie, je vois l’œil gauche qui me lorgne, un corps massif, puissant, d’un gris presque cuivré, le mouvement latéral d’une longue queue effilée… Le tout défile à  3-4 mètres de moi… Waooooow !!!  😮

Un gros requin-marqueau, intimidé, s'éloigne des plongeurs... Moluques, Indonésie, octobre 2015.
Un gros requin-marqueau, intimidé, s’éloigne des plongeurs… Moluques, Indonésie, octobre 2015.

Le temps de braquer l’appareil photo, de tenter un focus, de lancer le mode vidéo, la bête n’est déjà plus qu’une vague ombre de requin dans le brouillard bleuté…

Mais j’en suis encore émerveillée. Ce genre de rencontre, c’est à la fois impressionnant et magique. Voir évoluer de si près, même un court instant, pareil animal, ça vaut tous les reportages de National Geographic ! Les marteaux ont vraiment enchanté nos premières plongées.

Retour des plongeurs à bord du Waow. Moluques, Indonésie, octobre 2015.
Retour des plongeurs à bord du Waow. Moluques, Indonésie, octobre 2015.

Des requins et des hommes

Mes amis non-plongeurs ne comprennent pas trop la folle excitation qui me saisit à l’idée de plonger au milieu de ces bestiaux.

À mon retour d’Indonésie, je dois expliquer à une collègue, un peu interloquée par mon enthousiasme, que non, ce n’est pas dangereux. Que les requins ne sont pas des animaux assoiffés de sang qui se jettent comme des molosses furieux sur tout être humain à proximité d’eux. Qu’au contraire, en plongée-bouteille, il est souvent difficile de les approcher, car ils sont plutôt effarouchés face à une palanquée lâchant continuellement des chapelets de bulles bruyantes et scintillantes. Je vois bien que ce que je dis l’étonne.

→ Voir : tous mes articles sur les requins

Requins-marteaux. Kurkap Island, Moluques, Indonésie, octobre 2015.
Requins-marteaux près de Kurkap. Moluques, Indonésie, octobre 2015.

Ma consœur était persuadée, le plus sérieusement du monde, qu’un requin face à un homme s’attaquait presque inévitablement à lui. Et moi, je pensais, naïvement, que tout le monde avait compris – depuis le temps – que le film de Spielberg, Les dents de la mer (1975), était de la fiction.

Mais non. La plupart des gens ignorent tout du comportement réel des squales. Et les esprits restent marqués par les terribles faits divers de surfeurs et nageurs mordus par des requins, comme à La Réunion ou en Australie. Ces drames sont heureusement très rares et les requins tuent bien moins que les moustiques, les crocodiles, les abeilles ou les serpents. Mais la mer est un milieu sauvage, impossible à domestiquer. Il y aura toujours des zones et certaines conditions présentant une part de risque, pour les baigneurs et les surfeurs.

Ma minute écolo

Résultat, les requins ne sont pas près d’inspirer autant de bons sentiments que les bébés phoques, alors qu’ils sont victimes d’une surpêche hallucinante – principalement pour leurs ailerons, prétendument aphrodisiaques, qui finissent en soupe en Asie et font l’objet d’un commerce lucratif.

On ne s’en rend pas bien compte, terriens que nous sommes, mais ces superprédateurs marins sont indispensables à l’équilibre de l’écosystème océanique. Lui-même vital pour la planète. S’ils disparaissent, on est mal.

Nala Cat et son bonnet-requin. Plus de 2,5 millions d'abonnés sur Instagram...
Nala Cat et son bonnet-requin. Plus de 2,5 millions d’abonnés sur Instagram…

Je sais bien qu’entre un requin et un chat mignon, les gens préféreront toujours un chat mignon…

Mais moi, je préfère le requin pas mignon, bien vivant et le plus gros possible, signe qu’il a réussi à atteindre une certaine maturité qui lui permettra de se reproduire.

Une chose est sûre, quand il n’y aura plus de requins dans les océans, ce sera le début de la fin. Des haricots, des chats mignons et des humains.

Bref, je suis bien contente d’en avoir croisé autant, des requins, lors de cette croisière à bord du Waow. Ça réconforte. Outre les marteaux, nous avons rencontré des classiques requins pointe noire, un ou deux requins renards avec leur immense queue-fouet et, dans l’archipel de Raja Ampat, beaucoup de requins tapis ou wobbegongs et même un timide requin bambou “marcheur”… De quoi espérer.

Requin bambou "marcheur".
Requin bambou “marcheur”.
Wobbegong, ou "requin-tapis barbu".
Wobbegong, ou “requin-tapis barbu”.

J’étais l’invitée du Waow du 27 octobre au 8 novembre 2015, pour cette croisière-plongée baptisée “Secrets of Seram”. Toutes les opinions émises ici restent 100% les miennes. 

  Indonésie : Banda + Raja Ampat - oct-nov 2015

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  1. Hello Corinne
    Comme disait Claude François:
    “Si j’avais un marteau
    Je l’prendrais en photo…”
    Dommage que tu n’aies pas pu nous ramener des clichés de ce fascinant animal . Tu dois être hyper déçue 😡 …
    Comme toi je partage une passion pour ces bestiaux, et je m’étonne toujours de la réaction que cela provoque quand on raconte nos plongées. A entendre notre entourage, on est limite bons pour l’asile…
    Merci donc pour ton article. Espérons qu’il aidera à réhabiliter un peu ces magnifiques animaux encore trop souvent victimes de délit de faciès. Il y a 100 millions de requins tués chaque année à travers le monde 🙁

    1. @Gilles : non, je ne suis pas déçue, ce n’était pas mon objectif premier de photographier des marteaux lors de cette croisière en Indonésie, je sais qu’en mer rien n’est jamais garanti, et suis déjà bien émerveillée de les avoir croisés sous l’eau… Si je tiens à faire des photos intéressantes et un peu spectaculaires de marteaux, ce ne sera vraisemblablement pas dans les eaux indonésiennes, il faudra que j’aille plutôt plonger sur ces sites fameux que j’évoque dans l’article, où il est facile de les approcher de très très près, dans des conditions idéales de lumière et de visibilité…

      En effet, ce n’est pas facile de s’extasier devant les squales et de défendre la cause des requins, sans passer pour une baba-cool des océans, une illuminée des fonds sous-marins… 😆 Pourtant, la surpêche (et pas seulement des requins) est une réalité, très inquiétante. On est en train de vider les mers de leurs poissons, ce n’est pas une vue de l’esprit… Je me dis que ce modeste post de blog parviendra peut-être à sensibiliser quelques personnes malgré tout.

  2. Salut Corinne,

    Je pars aux R4 en mars mais pas en croisière. Juste sur une île (pulau gam je crois).
    Est-ce que tu sais si il y a des spots à marteaux à proximité ?

    1. @Remi : en mer, rien n’est jamais prévisible ni garanti, pour ce qui est des rencontres avec les animaux sauvages… Il n’y a pas de spots réputé “à marteaux” à ma connaissance à proximité de Gam ni des îles alentours, mais j’imagine qu’il est déjà arrivé à des plongeurs chanceux d’en apercevoir dans les eaux de Raja Ampat, à l’occasion… Dans le secteur, il est en revanche assez fréquent d’observer de grandes mantas océaniques.

  3. Bonjour Corinne,
    Toujours autant de plaisir à te lire et à admirer tes photos.
    Entièrement d’accord avec toi.
    Voir un requin c’est toujours un moment fascinant.
    De plus quand ils s’approchent de nous c’est simplement qu’ils sont curieux de voir ces drôles de poissons avec de gros yeux proéminents et qui en plus font des bulles….. !!! Ah, l’échange de regard….. !!!
    Jamais eu la moindre once de peur, juste de l’émerveillement.
    Nous sommes de nouveau en route vers Raja Ampat où nous passerons 15 jours.
    Des requins nous en verrons.
    Apercevoir un marteau serait aussi un moment inoubliable tout comme les mantas océaniques que nous n’avons encore jamais vues.
    Tu nous as fait rêver avec ton festival de mantas en vidéo du début d’année.
    Merci à toi pour tes bons conseils
    Alain & Yolande

    1. @Alain & Yolande : Merci de votre message et de votre émerveillement partagé… Je croise les doigts pour que vous croisiez des marteaux et des mantas. À Raja Ampat, il semble que ces dernières se fassent désormais plus rares sur le spot (trop connu, trop réputé et désormais trop fréquenté) de Manta Sandy… Mais avec un peu de chance (et si on est en petit comité sous l’eau), on les voit parfois débouler sur d’autres sites (comme ça a été mon cas début 2015 à Blue Magic). Magique et inoubliable, oui… Bonnes bulles !!!! 🙄

  4. Les requins-marteaux continuent d’etre exploitEs outrageusement pour leurs ailerons en Indonesie, comme le montre un article recent d’Andrianus Sembiring dans Fisheries Research.

    C’est beau de voir cette insouciance a faire du tourisme aux Moluques, sachant que cette region a ete dans les annees 1999-2002 le theatre de massacres organises par l’armee indonesienne et ses milices islamistes, les “Laskar Jihad”. Il y eut des milliers de morts et le deuil des Moluquois persiste a ce jour. En 2016, il reste des dizaines de Moluquois prisonniers politiques croupissant dans les geoles infames du regime islamo-fasciste indonesien.

    1. @Silvio : tout à fait, les requins (et pas seulement les marteaux) continuent hélas d’être massivement pêchés pour leurs ailerons en Indonésie et ailleurs en Asie… Et, oui, l’histoire récente (et ancienne) des Moluques est sanglante. La sinistre réputation de l’armée indonésienne n’est plus à faire, elle a commis bien des massacres, aux Moluques comme en d’autres régions (Papouasie, Timor…) et continue de réprimer, d’emprisonner, de tuer. Une violence qui contraste bien évidemment avec l’insouciance de ce blog dédié aux voyages et à la plongée sous-marine.

    2. Exact, Corinne. Parmi les especes le plus recherchees pour les ailerons, il y a plusieurs especes de raies-guitares (Rhynchobatus spp.) dont au
      moins une endemique au Coral Triangle et dont l’extinction est imminente. Les pays du Coral Triangle ont une responsabilitE paticuliere dans la conservation des especes endemiques de la region. C’est d’ailleurs a ce titre qu’ils ont recu des aides importantes de pays donateurs dans e cadre de la Coral Triangle Initiative ou CTI. En Indonesie, cet argent est detournE pour construire des “centres de recherche” sans aucun chercheur et pour financer des reunions inutiles dans des hotels de luxe. Aucune mesure n’est prise pour la protection des especes, que la generation de nos enfants n’aura plus aucune chance de voir en plongee. Il leur restera les photos, ansi que quelques specimens sechEs ou formolEs dans de vieux museums poussiereux.

    1. @Alimata : ça fait plaisir de trouver un petit message de ta part !!! Oui, tu penses bien que je l’ai vue… Merci de l’avoir postée ici. Il fait des images de folie, ce Nu Parnupong, un Thaïlandais qui bosse comme vidéaste sur les croisières White / Black / Blue Manta… (Je les suis régulièrement sur les réseaux, depuis ma première croisière à R4 en 2012 avec le Black Manta.)
      Tu songes à aller plonger là-bas en mer de Banda, alors ?
      🙄

    2. Yes, cette année on est retourné à Sipadan, mais on a été un peu déçu par l’absence du “Massive school of barrucudaes” et la présence d’un “Massive school of chinese” 😀
      NB : Les tortues sont toujours là 8)

  5. @Alimata : oui, lors de mon dernier passage à Sipadan, j’avais moi aussi constaté la présence massivement accrue de ces touristes-là… et aperçu cependant un banc (pas si massif) de barracudas… 😳

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