Max Ammer, un Hollandais chez les Papous.

Max Ammer, un Néerlandais chez les Papous

  Indonésie : Raja Ampat + Bali - mars 2012

Le Néerlandais Max Ammer est le “pionnier” de la plongée à Raja Ampat. Un sacré personnage. C’est un aventurier écolo, un explorateur enthousiaste et un fabuleux raconteur d’histoires.

Pilote de mini-hydravion et hélico de poche

Je suis ravie d’avoir pu faire la connaissance de Max Ammer, durant mon séjour sur l’île de Kri à Raja Ampat, en Papouasie indonésienne, en mars 2012. Je ne savais pas trop, avant de venir, s’il serait là. C’est lui qui tient les deux resorts de Papua Diving sur l’île (le Kri Eco Resort et le Sorido Bay Resort).

En guise de présentations, je vous invite à visionner les vidéos ci-dessous…

Mise à jour, septembre 2020. La première publication de cet article remonte à 2012… J’y ajoute cette vidéo de 2020, dans laquelle Max Ammer retrace son parcours et les initiatives lancées ces dernières années (catamarans électriques, hélicoptères, aviation en Papouasie, en plus des projets environnementaux et sociaux développés localement), le tout sur fond d’images sous-marines somptueuses, qui reflètent bien l’extraordinaire richesse de Raja Ampat. Ce portrait vidéo (en anglais) donne une bonne idée du personnage :

😲

Je laisse ci-dessous, en complément, une autre vidéo plus ancienne, que j’avais insérée lors de la première publication de cet article en 2012.

On y découvre Max et son petit avion-ULM jaune de l’époque (les images remontent à pas mal d’années) destiné aux missions de conservation et de protection du parc naturel de Raja Ampat (repérage des bateaux de pêche illégaux et des animaux marins, expéditions scientifiques, reportages, etc.).

On le voit dans ces images, le survol de l’archipel est spectaculaire ! Et vous aurez sûrement remarqué cette incroyable “caravane” de raies-mantas, dont on aperçoit les triangles sombres à la queue-leu-leu sous la surface…

Max a malheureusement réussi à se crasher dans l’eau avec cet hydravion de poche. Il a eu une chance incroyable, il s’en est sorti indemne. Pas du tout refroidi par l’accident, il espère bien survoler à nouveau Raja Ampat dans un nouvel engin, m’a-t-il confié en 2012 : “Le projet devrait bientôt se concrétiser…”

Mise à jour, décembre 2018. Ça lui a pris plusieurs années, mais Max est parvenu à faire construire un premier hélicoptère, sur l’île de Kri ! Un hélico “de poche” du modèle Bell-47, dont toutes les pièces ont été acheminées puis assemblées sur place… En décembre 2018, j’ai même eu la chance de monter à bord et de survoler Kri et ses alentours, lors de vols tests ! Je raconterai peut-être ça sur le blog un de ces jours…

Aux côtés de Max Ammer dans un hélico Bell "de poche" qu'il est parvenu à faire construire sur place, sur l'île de Kri. (Raja Ampat, Papouasie Occidentale, décembre 2018)
Aux côtés de Max Ammer dans un hélico Bell “de poche” qu’il est parvenu à faire construire sur place, sur l’île de Kri. (Raja Ampat, Papouasie Occidentale, décembre 2018)

Un fabuleux conteur d’histoires

Avant de partir pour ce premier séjour de mars 2012 à Raja Ampat sur l’île de Kri, j’avais déjà lu beaucoup de choses sur internet au sujet de Max Ammer, le Hollandais “pionnier” de la plongée sous-marine chez les Papous. J’adore la photo qu’il a choisi de mettre sur son profil sur Facebook :

Max Ammer, un Hollandais chez les Papous.
Max Ammer. (Source : Facebook / Max Ammer)

Et je n’ai pas été déçue par la rencontre, lors de mon séjour au Sorido Bay Resort !

Max Ammer est un homme extraordinaire, au sens propre du terme. Quant à sa vie, elle pourrait inspirer plusieurs romans…

Raconter des histoires, c’est d’ailleurs une activité dans laquelle il excelle. À l’heure du dîner, il est souvent d’humeur causante et n’aime rien tant qu’ébahir son auditoire, avec des récits cocasses ou tragiques, dont il ménage avec soin la chute. Ça se voit, quand il prépare son petit effet, au milieu d’une anecdote savoureuse : il a un sourire en coin et l’œil qui frise.

Presque chaque soir, il nous rejoint à la grande table du restaurant, parfois avec ses deux grandes filles adolescentes (comme je l’ai déjà dit plus haut, la première publication de l’article remonte à 2012, elles sont aujourd’hui adultes). L’une d’elles s’appelle Melissa. Tous les touristes-plongeurs de Raja Ampat connaissent son prénom sans forcément l’avoir rencontrée, à cause du site Melissa’s Garden, un magnifique jardin de corail (photo ci-dessous).

C’est Max qui a donné leurs noms à quasiment tous les sites de plongée du coin !

Le merveilleux jardin de corail du site nommé Melissa’s Garden par Max Ammer, en hommage à l'une de ses filles. (Raja Ampat, Papouasie Occidentale, Indonésie, mars 2012)
Le merveilleux jardin de corail du site nommé Melissa’s Garden par Max Ammer, en hommage à l’une de ses filles. (Raja Ampat, Papouasie Occidentale, Indonésie, mars 2012)

Ses innombrables histoires sur Raja Ampat mettent en scène des tribus primitives et des jungles inexplorées, des biologistes découvrant de nouvelles espèces animales et des missionnaires chrétiens… Mais aussi tout un tas d’anecdotes sur les animaux sauvages du coin, parmi lesquels des casoars tueurs et de dangereux crocodiles de mer – il m’a notamment raconté cette attaque contre un plongeur, où le gars s’en est sorti en enfonçant son doigt dans l’œil du crocodile !

L’histoire, la plongée et Dieu

Né aux Pays-Bas en 1961, Max Ammer a passé une partie de son enfance au Nigéria, et s’est établi à l’âge adulte en Indonésie, ancienne colonie néerlandaise, où il était d’abord venu pour retrouver des vestiges de la Seconde Guerre mondiale – jeeps abandonnées dans la jungle par les Américains, carcasses d’avions, épaves de navires… Passionné d’histoire, il est aussi féru de mécanique, d’aéronautique et de motos, de préférence des Harley-Davidson, dont il a même fait, un temps, commerce de pièces détachées.

En 1989, il débarque pour la première fois en Papouasie Occidentale, à la lisière de l’Océanie et de l’Asie. Il découvre les richesses naturelles du monde sous-marin des Raja Ampat, sans perdre son goût pour la ferraille engloutie depuis la Seconde Guerre mondiale – une marotte pas banale, qui reste, aujourd’hui encore, son passe-temps favori.

Les années suivantes, il enchaîne les explorations subaquatiques, avec d’autres plongeurs aventureux. À l’époque, il n’y a rien : il faut camper sur les plages, emmener un compresseur et des provisions. En 1993, il crée son opération de plongée, qui deviendra Papua Diving.

Max est aussi un homme très croyant. Chrétien adventiste, il est porté par une foi profonde – foi capable, manifestement, de soulever des montagnes, dans cette région de Papouasie indonésienne où se mêlent croyances animistes, chrétiennes et musulmanes. Chez Papua Diving, on respecte donc le sabbat : le jour de repos hebdomadaire du personnel est le samedi, et ce jour-là, les bateaux de plongée restent au ponton.

Préservation de la nature

Mais Max Ammer est avant tout et surtout un ardent défenseur de la nature. Il participe à plusieurs projets environnementaux d’envergure à Raja Ampat, impliquant la population locale papoue, notamment avec l’organisation non-gouvernementale Conservation International, au sein du Raja Ampat Research and Conservation Centre (RARCC).

Max Ammer sur le ponton du Sorido Bay Resort. Kri Island, Raja Ampat.
Max Ammer sur le ponton du Sorido Bay Resort. Kri Island, Raja Ampat.

Sur le sujet de l’incroyable biodiversité de cet archipel sauvage, il est intarissable. Il continue d’être fasciné comme un gosse par les merveilles de la nature qui l’entourent, ce qui le rend terriblement sympathique.

Cela fait maintenant près de trente ans qu’il vit en Papouasie indonésienne, avec sa famille, fondée là-bas. Sur Kri Island, toute l’activité humaine tourne principalement autour des deux resorts Papua Diving qu’il a créés : d’abord le Kri Eco Resort, en 1996, avec ses bungalows traditionnels sur pilotis en bois et feuilles de palmes séchées (photo ci-dessous), puis le plus confortable Sorido Bay Resort en 2004, où j’ai eu la chance de séjourner.

Tout est construit avec des matériaux locaux, toujours dans le souci de respecter au mieux l’environnement.

Le Kri Eco Resort. Raja Ampat, Papouasie, Indonésie, mars 2012.
Le Kri Eco Resort. (Raja Ampat, Papouasie, Indonésie, mars 2012)

Sur place, il emploie une centaine de personnes, majoritairement des Papous, pour les deux resorts et l’organisation des plongées, ainsi que pour les différents programmes de conservation, de développement, de construction, d’éco-tourisme…

Scientifiques et télévisions

À Raja Ampat, Max Ammer reçoit régulièrement la visite de scientifiques et biologistes, de photographes et de documentalistes, et d’équipes de télévision du monde entier.

Je vous mets ci-dessous un extrait d’un excellent documentaire pour Arte, Le paradis corallien de Raja Ampat (2009, réalisé par Rolf J. Möltgen), qui présente le travail de plusieurs équipes scientifiques. On y découvre Max Ammer et Kri Island à partir de 9 min. 30 s.

Les liens directs sur YouTube :
Le paradis corallien de Raja Ampat – Partie 1
Le paradis corallien de Raja Ampat – Partie 2 (tout au début, Max Ammer explique la lutte contre la pêche à la dynamite)
Le paradis corallien de Raja Ampat – Partie 3

Un soir, Max me raconte la fois où ils ont accueilli, il y a pas mal d’années de ça, l’équipe d’un gars de la télé, dont il ne se rappelle plus bien le nom, mais que je dois sûrement connaître, me dit-il : “A guy from the French TV…” Ah, ah, ah ! Je me marre : “Nicolas Hulot ? Pour Ushuaïa ?” En plein dans le mille.

😄

Je me dis que j’ai bien de la chance d’avoir découvert Raja Ampat autrement qu’à travers le petit écran. Et d’avoir rencontré en chair et en os l’incroyable Max Ammer. Un homme pas mal doué, dans son genre, pour d’authentiques séquences “frissons” et “émotion”.

Mise à jour 2020. TF1 a consacré un reportage à Raja Ampat dans son émission 7 à 8. Diffusé une première fois en janvier 2020, il est pour l’heure toujours visible sur le site de la chaîne, au bout du lien ci-dessous. On y voit Max vers la 18e minute :
Ces Français qui vivent à Raja Ampat, le paradis pour robinsons

Quelques liens sur Max Ammer (en anglais)

Papua Diving : about us
→ Max Ammer and Community-based Tourism at Papua Diving, Raja Ampat
Seeing Magnificent Raja Ampat from the Air

  Indonésie : Raja Ampat + Bali - mars 2012

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  1. Bonjour !

    Ton article est excellent, il m’a permis de m’évader en ce dimanche matin pluvieux.
    Merci de nous faire partager tes aventures sous-marines et terrestres car elles nous permettent de patienter en attendant de pouvoir faire nos propres bulles l’été prochain.
    Cordialement,N.

  2. Corinne, merci pour cette présentation d’un grand homme. Ne pas arriver en terrain conquis et développer l’activité touristique de manière raisonné, pour faire vivre les populations locales et les sensibiliser à leur environnement, bravo à Max Ammer. Quant au docu d’Arte, je me suis émerveillée devant les raies mantas, les adorables hippocampes pygmés puis j’ai eu la nausée face à l’emprise du marché asiatique shark fining et autre pêche peu scrupuleuse…
    Tu as eu la chance de découvrir ce paradis corallien encore préservé mais pour combien de temps.
    En ce dimanche venteux et gris, merci pour cette bulle d’évasion colorée.

    1. @LiseMet: oui, un grand monsieur, ce Max Ammer, et un sacré personnage…

      Les chiffres du tourisme seraient de l’ordre de 5000 visiteurs par an. C’est encore peu, mais le projet d’aéroport sur Waigeo inspire bien des craintes. J’espère que les efforts des différents resorts sur place pour promouvoir un véritable “éco-tourisme” porteront leurs fruits.

      Quant à la pêche illégale et au shark finning, les pays asiatiques, premiers concernés, s’en émeuvent manifestement moins que les Occidentaux… Pas mal de gens, d’associations, d’ONG, se mobilisent, mais c’est, comme on dit, une goutte d’eau dans l’océan…

  3. j’ai dévoré ce reportage!
    tu as raison j’ai adoré, 😀
    j’ai déjà donné les liens à plusieurs amis biologistes et je vais les afficher sur mon site !!
    Merci!!! 🙂

    1. @Fabrice: un gars incroyable, vraiment… Le genre de personnage qui t’aurait plu, je pense.
      😉

  4. Je suis un peu plus réservé que toi sur notre ami Max
    Les PLUS :
    – a monté 2 resorts écologiques, enfin surtout Kri, car Sorido avec ses clims ??
    – a donné du travail à la population locale (construction, personnel des resorts et même dive master)
    – a sensibilisé la population locale et les autorités à la conservation de la biodiversité des Raja Ampat
    – a fait découvrir les Raja Ampat au monde entier

    Le “gros” MOINS :
    – c’est un missionnaire de la secte des adventistes du xéme jour, qui a profité de son emprise économique pour imposer sa religion à toute la population locale

    D’autre part quand j’étais au Kri Eco Resort en 2009, il n’est venu nous voir qu’un seul soir sur 5 jours, préférant séjourner à Sorido et soigner ses clients VIP 😈
    Un autre fait amusant, quand Nicolas Hulot est venu à Palua Kri, un couple d’amis était sur place (faut que je retrouve la photo). Son équipe était venu 1 mois avant avec une quantité de matériel impressionnante (dont un hydravion en pièces détachées) pour préparer les 10 mn qui sont passées sur Ushuaïa. Si son équipe était logée au Kri Eco*, Nicolas logeait au Sorido 😆

    * : Eco veut dire Écologique et non Économique 😆

    1. @Alimata: ah, mais je ne faisais pas l’apologie du bonhomme, je dressais plutôt un portrait du personnage, car c’en est un, pour sûr !!! Et je dois avouer qu’il est vraiment fascinant, même pour une mécréante comme moi.

      Il m’a raconté un peu le passage de Nicolas Hulot et de son équipe, visiblement, c’était épique… Merci pour les photos !!!!

      Il ne m’a pas converti à l’adventisme (déjà que je venais d’échapper à un groupe d’Américains mormons, qui étaient sur la croisière du Black Manta), mais les fonds de Raja Ampat m’ont, eux, totalement conquise. Du coup, j’y retourne… j’y serai demain !!! 😛
      (Je suis à Makassar, à l’heure où je te réponds…)

      Petite précision – après mon séjour de juillet 2012 : je constate, après mon second séjour (Max était absent ce coup-ci) que seulement une toute petite partie du personnel est adventiste, les autres s’en fichent un peu, et sont juste contents d’être en congé le samedi. Pour autant que je puisse en juger, la population sur les îles est majoritairement chrétienne (surtout des protestants), ce qui est un héritage des colons hollandais…

  5. Ouah, magnifique 🙂 Tout un personnage…C’est bien de voir des gens et des endroits comme ceux là…En tout cas ca a dû vraiment être une bonne expérience de le rencontrer ! Je vais penser à la Papouasie Nouvelle Guinée pour mes prochaines vacances 😉

    1. @Eric: Juste une petite précision, il ne s’agit pas ici de la Papouasie Nouvelle Guinée, mais de la Papouasie occidentale, qui est une région située en Indonésie. L’île est divisée en deux : à l’ouest l’Indonésie, à l’est la Papouasie Nouvelle Guinée (PNG). Max Ammer connaît aussi la PNG, mais il vit à Raja Ampat la plupart du temps, côté indonésien, donc.

      Un sacré personnage, en tout cas, oui…

    2. Oups, autant pour moi :p ma géographie de cette région du monde est à revoir 😉 Merci pour la petite précision en tout cas 8)

    1. @Anne : merci d’avoir laissé un petit message ! Oui, Max est un sacré personnage… 😉

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